Bizarre schrift

Que le peintre l’ait habilement dissimulé ou mis en exergue, le texte sybillin intriguera pendant longtemps. Écriture inconnue ou sens bien caché. Quand on sait que la meilleure couverture est un texte d’apparence claire, auquel il faut appliquer une clé de lecture particulière, exemple la Bible avec, cette fois-ci, peut-être trop de clés.

– Miniaturist, german, Hrabanus Maurus: De Laudibus Sanctae Crucis, c. 840, Manuscript (Reg. lat. 124), 365 x 295 mm, Biblioteca Apostolica, Vatican

– Master of Flémalle, Mérode Altarpiece, c. 1427, Oil on wood, Metropolitan Museum of Art, New York

– Carpaccio, Vittore, The Presentation of the Virgin (detail), 1504-08, Oil on canvas, 130 x 137 cm, Pinacoteca di Brera, Milan

– Johann Michael Rottmayr, St. Benedict’s triumphal ascent to heaven, fresco, Melk Abbey, Austria (via Alberto Fernandez Fernandez on Wikimedia commons)

Parfois encore, il ne s’agit que d’une apparence de texte, ainsi les linguistes qui décèlent une lettre triplée peuvent décréter que cela ne se fait pas. Mais si cela avait un sens ? Qui risque, qui sait, de changer la vie : celui qui tente de décoder est dans une belle aventure.

– Tiepolo, Giovanni Battista, Apollo and the Continents (Asia, obelisk group), 1752-53, Fresco, Stairwell of the Residenz, Würzburg

Médiagraphie : Web gallery of Arts wga.hu, Wikimedia commons

Le bizarre se trouve aussi sur les cartes d’état-major …

Un espagnol sous un chapeau à cornes : Goya lui-même s’invite ici!

P.-S. :

– Mantegna, Andrea, Ecce Homo, c. 1500, Tempera on canvas, 54 x 42 cm, Musée Jacquemart-André, Paris

Ceux qui donnent la clé sont les bienvenus :

L’auteur se donne la peine de préciser le nom, la graphie et le sens des abréviations plus ou moins communes dans les textes en latin, exemple C inversum signifie Con (avec).

– Carlo Crivell, Altar von San Domenico in Ascoli, Polyptychon, linke äußere Aufsatztafel: Hl. Thomas von Aquin, 1476, Tempera auf Holz, 61 x 40 cm, National Gallery, London

– Lorenzo Monaco, Gradual (Cod. H 74, folio 122v), c. 1410, Tempera and gold on parchment, 168 x 160 mm, Museum of Art, Cleveland

– Masonic inscription : message codé

– épée (via imgur)

Oreillers de pierre

Dur, dur d’être un gisant, surtout avec ces oreillers de marbre.

– Gisant d’un chevalier de Curton – Musée d’Aquitaine

– Gisant dit de Hugues Zorn de Bulach, grès, vers 1320, provenant du château d’Osthouse, Musée de l’Oeuvre Notre-Dame, Strasbourg

– Masters, ancient British, Tomb of Edward II (detail), 1330, sPurbeck marble and alabaster, Cathedral, Gloucester

– Gisant de Rachion († v. 786), évêque de Strasbourg. Pierre polychrome, XIVe s., Collégiale Saint-Florent de Niederhaslach

– Faydherbe, Lucas, Tomb of Archbishop André Cruesen (detail), 1660, Marble, Sint-Romboutskathedraal, Mechelen

C’est le remplissage qui est délicat!

– Rauchmiller, Matthias, Tomb of Karl von Metternich, c. 1675, Marble, slightly over-life-size, Frauenkirche, Trier

Bartolini, Lorenzo, Tomb of Princess Sophia Zamoyska (detail), 1837-44, Marble, width 187 cm, Salviati Chapel, Santa Croce, Florence

Pour les genoux, ça reste inconfortable.

– Coustou, Guillaume I, Louis XIII, c. 1708, Marble, Notre-Dame Cathedral, Paris

– Statue des Papstes Pius dem IX. in der Basilika Santa Maria Maggiore in Rom, Italien.

Finalement, l’oreiller on s’en passe très bien.

– Lorenzo Bartolini, The Demidoff Table, Metmuseum

• Médiagraphie : Web gallery of Arts wga.hu, Wikimedia commons

Et la fraise qui gratte :

– Little Wittenham, Oxfordshire (old Berkshire) St Peter’s Church 08 (via Eric Hardy) : Detail of Lady Dunch.

Autant se ménager quelques loisirs.

– Pilon, Germain, Monument to Valentine Balbiani (detail), 1583, Marble, 83 x 191 cm, Musée du Louvre, Paris

Rien de plus naturel en somme.

– Four dogs huddled together (marble) from the House of the Faun, Rome, 1st BCE, 1200×900

– Le Gros, Pierre the Younger, The Death of St Stanislas Kostka (detail), 1705, Marble, Sant’Andrea al Quirinale, Rome

– Palma de Majorque

Rotondité

– Chambéry – Rotonde ferroviaire (via monumentum.fr)

Pour mettre à jour mes blogs avec des sujets sur lesquels je m’engage, je souhaite me baser sur des méthodes propices à la conviction raisonnée et du moins à l’apaisement. Les sujets sur lesquels il est certain que la réponse est déterminable entraînent peu de passion. les sujets comportant une dose de morale, d’éthique, de politique amènent à vouloir défendre et renforcer les convictions, au détriment de débats constructifs. Dans ce cas l’échange enrichissant laisse place, soit à des affrontements, soit à des déclarations univoques.

– Paris – La Rotonde de la Reine, Grand Palais (via grandpalais.fr)

Convoquer les arguments de toutes les parties identifiées, relever les incohérences et les vues partielles, cela ne suffit pas du tout. Plus on argumente, plus on se convainc qu’il y a une vérité unique sur des sujets complexes et qu’on fait bien de défendre ses a priori. Il faut bel et bien s’engager mais d’abord sur une éthique de la méthode de discussion elle-même.

– Bernini, Gian Lorenzo, Interior view, 1662-64, Photo, Santa Maria Assunta in Cielo, Ariccia

Le nombre de sujets pour lesquels le débat est ouvert à un moment donné est en fait limité. L’évolution des savoirs, des moeurs, ou la dictature des égoïsmes collectifs et des préjugés tranchent au bout d’un certain temps : les sujets qui résistent nous renvoient à nos incohérences essentielles d’êtres humains. Classer ces sujets par maturité peut ainsi être éclairant : peine de mort, prison, avortement, vitesse sur les routes, évolution des espèces, respect de la vie animale, existence des dieux, dangers liés au climat, vaccins … rotondité de la terre …

– Rotondes (via wga.hu)

– Dürer, Albrecht, The Four Witches, 1497, Engraving, 190 x 131 mm, Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg

• Pour illustrer l’obsolescence observé dans ces domaines, voyons l’article interne de Wikipédia : « Semi-protection étendue« , qui précise :

La semi-protection étendue d’une page empêche toute modification de cette page par les utilisateurs enregistrés depuis moins de 3 mois ou ayant moins de 500 contributions. C’est une mesure technique mise en place par un administrateur contre des vandalismes récurrents avancés ou pour mettre un terme à une guerre d’édition.

• Dans la catégorie « Page en semi-protection étendue », on voit, entre autres :

Albanais (peuple), Bertrand Cantat, Charlie Chaplin, Aide:Comment rédiger un bon article, Conquête de l’Algérie par la France, Coranisme, Dark Vador, Doc Gynéco, Fortnite, Frise du Parthénon, Gare de Montfavet, George Sand, Histoire d’Athènes, Homéopathie, Jamel Debbouze, Jenifer, Les Mille et Une Nuits, Les Républicains, Les Tambours du Bronx, Ligue contre la violence routière, Liste des milliardaires du monde en 2017, Roi, Serge Lama, Vidéotron.

Inutile de tourner autour du pot comme au Canada, les trois quarts de ces sujets controversés seront largement oubliés dans quelques lustres.

Les « fake news », informations truquées sur des sujets, soit anodins, soit controversés, contenant toujours quelques éléments crédibles et allant dans le sens du poil de certains, seraient le nouveau danger. Même avant Richelieu, le pouvoir pratiquait la désinformation quand il le jugeait nécessaire. Un peu de recul, de bon sens, croiser les sources … il y a aussi la rubrique Checknews de Libération. Les derniers articles pour un aperçu des types de sujets concernés :

• Barbecue «islamisé» dans le 93 : des policiers contestent le livre de Davet et Lhomme
• Perquisition à la France insoumise: les policiers auraient-ils dû faire signer un PV?
• Est-il vrai que la contribution à la vie étudiante va être détournée par Bercy ?
• Quelles entreprises françaises participeront au forum des investisseurs à Riyad ?
• Peut-on établir un bilan chiffré de Parcoursup ?
• Pourquoi les enquêteurs n’ont pas demandé l’accord de la France insoumise avant la perquisition ?
• Le Giec préconise-t-il le nucléaire dans son dernier rapport ?
• Elizabeth Warren a-t-elle fourni la preuve ADN qu’elle est d’origine amérindienne?
• Les membres de la France Insoumise ont-ils «empêché la saisie» de documents au siège du parti ?
• Est-il vraiment interdit de prier dans les locaux de la RATP ?

 

Du faux

L’art du faux en architecture, ou quand la décoration intérieure fait tout. Nos maîtres italiens y excellent, avec, au premier abord, une certaine uniformité dans l’exécution.

– Bergamasco, Il, View of a longitunal wall, c. 1560, Fresco, Salone, Villa Pallavicino delle Peschiere, Genoa

 

– Zelotti, Giovanni Battista, Frescoes in the Hall of the Arts (detail), 1561-65, Fresco, Villa Godi Malinverni, Lonedo di Lugo Vicentino

 

– Zelotti, Giovanni Battista, Wall in the Central Hall, 1564-66, Fresco, Villa Emo Capodilista, Fanzolo di Vedelago

 

– Colonna, Angelo Michele, View of the Udienza Pubblica, 1639-41, Fresco and stucco, Palazzo Pitti, Florence

 

– Bruni, Domenico, Views of the main room and the ceiling in the Foresteria, 1652, Fresco, Villa Foscarini Negrelli Rossi, Stra

La foresteria est, dans son sens habituel, un lieu pour recevoir les étrangers.

 

– Liberi, Pietro, View of a wall in the Foresteria, 1652, Fresco, Villa Foscarini Negrelli Rossi, Stra

 

– Pellegrini, Giovanni Antonio, View of the northwest room in the foresteria, c. 1704, FrescoVilla Alessandri, Mira

 

– Dorigny, Louis, The Battle of the Centaurs and Lapiths, c. 1719, Fresco, Villa Allegri Arvedi, Cuzzano di Grezzana

Des colonnes, des corniches, des anges, des dieux et des héros, voilà l’ordinaire.

 

– Tiepolo, Giovanni Battista, The Sacrifice of Iphigenia (detail), 1757, Fresco, Villa Valmarana ai Nani, Vicenza (via piovene.com)

 

– Urbani, Andrea, View of the portego, 1764-68, Fresco, Villa Vendramin Grimani Calergi Valmarana, Noventa Padovana

 

– Morlaiter, Michelangelo, Decoration of the grand staircase, c. 1766, Fresco, Palazzo Grassi, Venice

 

– Adelcrantz, Carl Fredrik, Interior view, 1766, Photo, Palace Theatre, Drottningholm

• Médiagraphie : wga.hu

En P.S. je mets l’inclassable …

– Reschi, Pandolfo, View of the Palazzo Pitti, 1668-69, Oil on canvas, 146 x 248 cm, Galleria Palatina (Palazzo Pitti), Florence

Salle ovale

Ce n’est ni rond ni carrré. C’est typique de l’architecture baroque. C’est ?

– La Salle ovale (du musée Teyler à Haarlem), tableau de Wybrand Hendriks, entre 1800 et 1820. Remarquer à l’avant-plan la machine électrostatique de Van Marum, « emballée » dans son meuble néo-classique.

Salle ovale, hôtel Galliffet (via ateliercamuset.fr)

– Le Bureau ovale à Washington vu du dessus.

– Sanssouci, Potsdam (via voyages-campingcar.fr)

– Vincent Desjardins — Flickr: France, Paris : Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, salle ovale 1897-1936.

– Plafond de la Salle ovale (Imperial hall) de Wurzbourg (via pinimg.com).

– Le salon ovale de Paul Reynaud et le salon ovale Lyautey, © Lorenzö, Palais de la Porte Dorée, Paris.

– Construcció del Palau Nacional. Sala Oval. Autor desconegut, 1926-29, Barcelone.

– Claude Monet, Nymphéas, musée de l’Orangerie, Paris (via pariscityvision.com).

– Cupola of the Hall of the Ancestors, Vranov nad Dyjí, République tchèque.

– Salon Eliptico del capitolio Nacional, Caracas

Et aussi (Wikipédia) :
Lumeau
… trouvent une cavité en forme de salle oblongue, une galerie, une grande salle ovale et deux salles cylindriques annexes, ainsi qu’un puit de remontée. Outre

Église des Cordeliers de Toulouse
… des Sciences par M. de Puymaurin, en 1784, décrit ce caveau comme une salle ovale de 18 pieds sur 12, dont la voûte était supportée par un pilier central

Château de Meudon
… avoir également été peinte par lui Charles de La Fosse. En haut, dans la salle ovale, les glaces faisaient très bien. Elles étaient disposées circulairement

• Médiagraphie : Wikimedia commons

P.-S. : Joséphine à la Malmaison :

– (via samuserensemble.canalblog.com)

– Santuario di Vicoforte (via madamelesfressange.tumblr.com)

Un petit tour dehors :

– Ligorio, Pirro, View of the Piazza Ovale, 1560, Photo, Casina Pio IV, Rome

–

(via plan%20elliptique%20salle%20ovale.jpg (JPEG Image, 777 × 615 pixels)) Source : blog.bibliotheque.inha.fr

Fontaine de vie (II)

Fontaine de vie ou de Jouvence. L’un des plus anciens témoignages est persan et raconte la quête d’Alexandre le Grand. Où l’on voit des poissons salés ressusciter!

– Al-Khadir (right) and companion Zul-Qarnain (Alexander the Great) marvel at the sight of a salted fish that comes back to life when touched by the Water of Life. « When Alexander sought he did not find what Khizr found unsought ». From Sikandar Nâma, the Persian Alexander Romance, LXIX.75

 

– French 14th-century ivory mirror case with a Fountain of Youth

Très vite l’imagerie se tourne vers l’une des principales occupations de la jeunesse, faire la cour. La fontaine de jouvence a un potentiel érotique qui se trouve de plus en plus exploité.

– Predis, Cristoforo de, De Sphaera, 1450s, Manuscript (Ms. lat. 209), 245 x 164 mm, Biblioteca Estense, Modena

 

– Master of the Castello della Manta, View of the south wall, 1411-16, Fresco, Sala Baronale, Castello della Manta, Saluzzo

Aller simple pour le Paradis terrestre avec Bosch :

– Bosch, Hieronymus, Triptych of Garden of Earthly Delights (central panel), c. 1500, Oil on panel, 220 x 195 cm, Museo del Prado, Madrid

 

– Cranach, Lucas the Elder, The Fountain of Youth, 1546, Lime panel, 122,5 x 186,5 cm, Staatliche Museen, Berlin

 

– Helman, Isidore-Stanislaus-Henri, The Fountain of Youth, 1793, Copper engraving, 355 x 460 mm, Kunsthalle, Hamburg

 

– Édouard Ravel, La Fontaine de Jouvence

– Eduard Vieth, Fontaine de Jouvence (via art-magique.blogspot.com)

Le tentateur ressemble plus à Cupidon qu’au serpent de l’origine ; il s’agit plus de faire connaissance que d’enquêter sur le Bien et le Mal.

– Paul Gervais, La Fontaine de Jouvence, 1908, Capitole de Toulouse, salle des Illustres.

• Médiagraphie : Wikipédia, Wikimedia commons, wga.hu
• Voir aussi : Fontaine de vie

P.S. L’indéniable caractère idyllique de cette peinture me conduit à l’ajouter ici :

– Valkenborch, Lucas van, Landscape in Spring, 1587, Oil on canvas, 116 x 198 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienna

– Vredeman de Vries, Hans, Architectural capriccio, 1596-98, Oil on panel, 65 x 89 cm, Private collection

Très curieux de voir Bacchus occuper le centre d’une fontaine similaire :

– Giovanni da Udine, Triumph of Bacchus, c. 1560, Tapestry, wool, silk, and gilt metal-wrapped thread, Mobilier National, Paris

 

Foudre

– Cranach, Lucas the Elder, Triptych with the Martyrdom of St Catherine, 1506, Lime-tree, Gemäldegalerie, Dresden

– Boemen, Jan Frans, van A Scene in the Roman Campagna, c. 1736, Oil on canvas, 172 x 237 cm, Private collection

On voit pratiquement plus de foudre figurée, souvent par ce qui semblerait être un faisceau de branchages quand c’est l’attribut de Jupiter, que de dessins réalistes. Des créneaux, des rayons lumineux, peu de zigzags.

– Nieulandt, Willem van, the Younger, A Capriccio View of Rome, 1610, Oil on copper, 50 x 66 cm, Private collection

Il ne faut pas moins que ça pour gérer le bouillant apôtre Paul :

– Michelangelo Buonarroti, The Conversion of Saul, 1542-45, Fresco, 625 x 661 cm, Cappella Paolina, Palazzi Pontifici, Vatican

Le Christ se fâche et là il ne prend pas des verges :

– Campen, Jacob van, The Last Judgment, Oil on canvas, 328 x 203 cm, St. Joriskerk, Amersfoort
« It is a remarkable feature of the painting that Christ’s hands do not show the crucifixion wounds; instead, he holds the bolts of lightning associated with the heathen Jupiter, the ruler of the Olympian deities. « 

– Dossi, Dosso, Jupiter and Semele, 1520s, Oil on canvas, 180 x 131 cm, Private collection

– Dughet, Gaspard, Landscape with Lightning, 1667-69, Oil on canvas, 40 x 63 cm, The Hermitage, St. Petersburg

L’aigle s’en mêle :


– Longhi, Pietro, Fall of the Giants, 1734, Fresco, Palazzo Morosini Sagredo, Venice

– Pacetti, Vincenzo, Jupiter, 1783-84, Marble, 120 x 142 cm, Galleria Borghese, Rome

• Médiagraphie : wga.hu

L’allégorie reste constante dans cette feuille d’assemblage du cadastre de 1810 :

– Cadastre de Draveil (via archives départementales de l’Essonne)

Musique des sphères

Cette gravure présente des éléments musicaux illustrés de personnages mythologiques. Les gammes musicales s’étagent du haut en bas, d’Apollon et les trois Grâces jusqu’à la terre où un serpent tricéphale aboutit. Elle illustre ainsi la musique des sphères d’une manière mnémonique autant que symbolique.

Les trois Grâces, debout et adossées, sont à gauche du trône où Apollon, dieu du soleil et de l’harmonie, tient un luth, avec, à sa droite, un bouquet dans un vase. Une banderole surplombe le groupe et les noms sont inscrits :
– Mentis Apollineae vis has movet undique Musas (l’esprit d’Apollon conduit partout les Muses);
– Euphrosine Aglaia Thalia Apollo
Dans les coins supérieurs, deux enfants jouent, l’un d’un luth, l’autre d’une viole. Une indication Dius sépare cet étage divin des niveaux inférieurs.
– « Music of the Spheres » in Francinus Gafurius, Practica musice, 1496

De part et d’autre du serpent aux têtes de bêtes féroces sont disposés seize médaillons, à gauche huit muses avec leurs attributs et à droite le Ciel étoilé, puis les deux astres et les cinq planètes dans leurs chars :
– Urania, Polyhymnia, Euterpe, Eratho, Melpomène, Terpsicore, Caliope, Clio (Uranie avec des étoiles et Euterpe, une flûte) ;
– Celum stellatus, Saturnus, Iupiter, Mars, Sol, Venus, Mercurius, Luna, avec leurs symboles. Les chars sont tirés par des couples : dragons, aigles, chevaux, chevaux, colombes, coqs et personnages.
Des bandeaux relient les médaillons avec, semble-t-il, les éléments de la musique des sphères de Pythagore à gauche et des modes ou gammes et des intervalles, ton et demi-ton, à droite :
– Mese, Lychanosme, Parhypate, Hypateme, Lychanoshy, Parhypat, Hypatehyr, Proslambano, séparés par Son, Meson, Son, Paton, Ehypaton, Aton, Mené ;
– Hypermixoly, Mixolydius, Lydius, Phrygius, Dorius, Hypolydius, Hypophrygius, Hypodorius (gammes de : la sol fa mi ré do si la), séparés par Tonus, Tonus, Semitonium, Tonus, Tonus, Semitonium, Tonus.

Le serpent reliant les Thalia (abondance), la Grâce céleste à la Muse terrestre, qui montre sa tête dans l’hémisphère austral, traverse les éléments Ignis, Aer et Aqua et ses têtes reposent sur Terra.

– Jean-Marc Nattier, Thalia, Muse of Comedy, 1739, oil on canvas, 135.9 × 124.5 cm, Fine Arts Museums, San Francisco (via Wikimedia commons)

Plus d’un siècle après, dans ses Harmonices mundi (1619), Kepler se base sur la vitesse des planètes : Jupiter donne la tierce mineure, Mars la quinte, la Terre le demi-ton, Vénus la dièse, Mercure l’octave augmentée de la tierce mineure. Kepler suppose que le ton de Saturne à son aphélie est le sol, en son périhélie le si. L’ensemble des planètes constitue un chœur où la basse est dévolue à Saturne et Jupiter, le ténor à Mars, l’alto à la Terre et à Vénus, le soprano à Mercure [Wikipédia].

Voir aussi : mythandmusic.blogspot.com/2013/11/muses-modes-and-music-of-spheres.html
Marc Lachièze-Rey, Jean-Pierre Luminet, Celestial Treasury: From the Music of the Spheres to the Conquest of Space, Bibliothèque nationale de France [via Google Books]

L’arche

C’est au palais du Liechtenstein à Vienne que le plafond peint al fresco par Rottmayr donne tout son éclat. Je n’en mets qu’un morceau pour ne pas trop éblouir.

– Rottmayr, Johann Michael, Europa, 1705-08, Fresco, Liechtenstein Museum, Vienna

Un détail du tableau offre une allégorie intéressante : un femme portant un voile montre le croquis d’un arc de triomphe.

– Rottmayr, Johann Michael, Allegory of Architecture (detail), 1705-08, Fresco, Liechtenstein Museum, Vienna

De quel arc s’agit-il au fait ? En cherchant bien …

En redressant et tordant l’image sans douleur à l’aide d’un logiciel comme the Gimp, on parvient à faire coïncider en transparence les deux arches, photo et peinture :

Surprise!

(En fait j’ai pris n’importe quelle arche au hasard mais bon la démonstration est là.) Il reste à choisir :

• Médiagraphie : wga.hu

P.-S. : L’idée est utilisée de la meilleure façon dans cet exemple :

– (via 9gag.com)

Animal

Métamorphoses, dieux très antiques, mais aussi légendes chrétiennes offrent des mélanges pas très catholiques. St Christophe a vécu avec une tête d’animal :

– Unknown icon painter, Greek, Sts Stephen and Christopher, 1700s, Egg tempera on oak, 21 x 16 cm, Ikonen-Museum, Recklinghausen

 

– Parmigianino, Diana and Actaeon, 1523-24, Fresco, Rocca Sanvitale, Fontanellato

 

– Unknown Miniaturist, French, 14th-century painters – Illustration to a novel – WGA15862

 

– King Tutankhamen with Egyptian gods Anubis and Nephthys (via pages.vassar.edu)

Même le lion de Jérôme a des yeux humains.

– Weyden, Rogier van der, St Jerome and the Lion, c. 1450, Oil on oak panel, 31 x 25 cm, Institute of Arts, Detroit

• Médiagraphie : wga.hu

P.-S.

Luc avec des pieds de taureau :

– Miniaturist, Irish, Mac Durnan Gospels, 890s, Manuscript (Ms. 1370, f° 115v), 159 x 111 mm, Lambeth Palace Library, London