Quelle approche suivre sans tomber dans le merveilleux religieux, l’inspiration ésotérique ou le verbiage didactique et poétique qui peuvent rebuter plutôt qu’intéresser : il est temps de dégager les principes et les lois d’une science qui va emprunter à différents postes avancés.
Pour le concret, l’observation, l’incarné en somme, je me tourne vers l’ethnologie, la sociologie, la neurologie, la statistique, enrichie par les données du web, et la critique littéraire et artistique : qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qui s’en dit.
Pour l’analyse, la théorie, le fumeux, j’ai recours à d’autres postes, la théologie, les symboles, les mythes, la psychologie, avec une nouvelle exigence de questionnement : à quoi peut-on, par la pensée, avec un discours construit, raccrocher sereinement ces éléments d’observation.
Puis j’ai à affiner les pistes permettant d’enrichir ce corpus en toute logique, sans recours aux affirmations d’autorité, tout en offrant de s’y passionner sans préjugés.
Avec l’alchimie on est, dans une approche, idéale pour son époque, modèle pour la nôtre, qui se base sur le symbole et l’analogie pour progresser. Newton a été un grand alchimiste et en a profité pour imaginer et proposer des lois scientifiques. Mais les progrès ne sont souvent, dans ce contexte, clairement visibles que pour les initiés : combien de ses contemporains ont pigé la gravité ?
Est-ce forcément le cas, quand la science d’aujourd’hui prétend tout mettre au grand jour ? Tel est aussi le défi. Le problème est qu’au niveau actuel de la science, on est retombé dans quelque chose qui a tous les caractères de la magie et de l’ésotérique pour le grand nombre.
Le boson de Higgs a soi-disant été découvert après avoir été prédit, mais personne ne l’a jamais vu : c’est du domaine de la théorie, de la croyance, avec ce bémol de principe, que la science autorise cette croyance à être bousculée par de nouveaux arguments valides.
Par contre les effets attendus dudit boson ont été observés dans l’accélérateur géant : c’est du domaine du concret. On a eu une phase de condensation, de cristallisation, même si cela a duré un pouième de seconde.
Cela a nécessité des milliards, pour la création et la maintenance de la machine, et des milliers d’expérimentateurs, et l’invention du web en prime. Et on consolide le modèle standard des particules en physique, tout en pointant que de nouvelles réalisations seront nécessaires pour boucher les trous.
Ce sont ces tâches de fourmi qui finissent par faire le lien et c’est de la beauté de ce que ce lien donne à voir qu’il s’agit.
La surveillance qui émerge et effraie, avec les moyens offerts par nos technologies modernes, est l’incarnation d’une certaine forme de conscience de la société. En tant que telle, elle ne s’exerce ni pour ni contre les individus [après, ce qu’en font les gens …]. Il faut là un peu de recul. Comment analyser ces phénomènes modernes ? L’émergence diffère du phénomène passager, elle s’incarne, et dans la durée.
Surveillance, racisme et violence ne disparaîtront pas si on les surveille, stigmatise ou les combat car alors on en est gangrenés. Il faut savoir les observer vivre en nous, s’en accommoder ou pas.
La condensation alchimique me semble la mieux armée pour répondre à nos interrogations sur les causes d’une quelconque forme d’émergence, au même titre que ce que la spiritualité recouvre sous le nom d’incarnation. Ce sont des notions fécondes, à creuser avec beaucoup de respect.