Ce qui est banal à l’époque des Superman et autres l’était tout autant avant l’avènement des Lumières. Ceux qui se sont attachés à cajoler la raison ont méprisé et nié les miracles pourtant quotidiens dans les temps passés.
Saint Nicolas, évêque de Myre (aujourd’hui en Turquie), dit de Bari (Italie) où ont été transportées ses reliques, a commencé très fort. Monter au ciel avec les anges, c’est déjà peu banal. Quoique déjà, Saint Benoît entre autres l’avait précédé. Sans oublier la Madeleine que les anges enlevaient chaque jour pour qu’elle communie au ciel à la fin de sa vie.
Spinello Aretino, The Funeral of St Benedict, 1388, Fresco, Sacristy, San Miniato al Monte, Florence
– Marochetti, Charles, Mary Magdalen Exalted by Angels, 1841, Marble, height 449 cm, Church of Madeleine, Paris
Antolinez, José, Assumption of Mary Magdalene, Oil on canvas, 205 x 163 cm, Museo del Prado, Madrid
Mais voici donc Nicolas :
– Angelico, Fra, The Story of St Nicholas, 1447-48, Tempera and gold on panel, 34 x 60 cm, Galleria Nazionale dell’Umbria, Perugia
Lotto, Lorenzo, St Nicholas in Glory with Sts John the Baptist and Lucy, 1527-29, Oil on canvas, 335 x 188 cm Chiesa dei Carmini, Venice
– Angelico, Fra, The Story of St Nicholas: St Nicholas saves the ship, 1447-48, Tempera and gold on panel, 34 x 60 cm, Pinacoteca, Vatican
Faut-il supposer des anges qui le soutiennent ? Après sa mort, Nicolas est libre de venir calmer la tempête. Fra Angelico (béatifié en 1982) était encore là pour en témoigner.
– Bicci di Lorenzo, St Nicholas of Bari Banishing the Storm, 1433-35, Tempera and gilding on panel, 29 x 59 cm, Ashmolean Museum, Oxford
Ici, on le voit mieux, avec peut-être une sirène qui prend la tangente. Et là il est juste parfait comme il se doit pour un saint :
– Corona, Leonardo, St Nicholas Aiding Shipwrecked Sailors in a Storm, Oil on canvas, San Nicolò dei Mendicoli, Venice
Toujours dans les airs, Nicolas ressuscite un enfant. Il y avait déjà eu, de son vivant, l’épisode des trois petits enfants massacrés dans le saloir, ce qui en a fait le patron des enfants, fêté dans tout le nord-est de l’Europe par des cadeaux le 6 décembre :
– Lorenzetti, Ambrogio, Scenes of the Life of St Nicholas, c. 1332, Tempera on wood, Galleria degli Uffizi, Florence
Nicolas de Tolentino, lui, est né près d’Ancône, dans le bourg de Saint-Ange proche de Fermo, de parents très pieux. À la fin de sa vie, la légende raconte qu’il entendait tous les soirs le concert des anges. Beaucoup de miracles lui ont été attribués :
Un jour le diable entra dans sa cellule, sous la forme d’un gros oiseau. D’un mouvement de l’aile, celui-ci renversa la lampe qui s’éteignit et se brisa par terre. Nicolas ramassa les débris et les rejoignit si finement qu’il n’y eut aucune trace de l’accident.
Il partageait toute son humble nourriture avec les pauvres. Un jour, son supérieur lui demanda ce qu’il portait dans son tablier. Ce sont des fleurs lui répondit-il, et il lui montra le pain changé en roses. Né en 1245, il est canonisé en 1446.
Là il s’apprête à ressusciter un compatriote :
– Giovanni di Paolo, A Miracle by St Nicholas of Tolentino, 1456, Tempera on wood, 50 x 43 cm, Akademie der bildenden Künste, Vienna
À l’instar des grands, Saint Dominique a droit à une sorte d’apothéose assez pompeuse :
– Tiepolo, Giovanni Battista, The Glory of St Dominic, 1737-39, Fresco, Santa Maria del Rosario (Gesuati), Venice
Dominique ne touche pas le sol quand il ressuscite un garçon. Il peut s’agir de Napoleone Orsini, associé dans d’autres oeuvres à une chute de cheval (qui semble voler lui aussi dans le paysage vu de la fenêtre) :
– Berruguete, Pedro, St Dominic Resurrects a Boy, c. 1495, Tempera and oil on wood, 122 x 83 cm, Museo del Prado, Madrid
– Gozzoli, Benozzo, St Dominic Reuscitates Napoleone Orsini, 1461, Tempera on panel, 25 x 35 cm, Pinacoteca di Brera, Milan
Les relations de l’accident de cheval de l’enfant Orsini sont tout sauf uniformes.
Dans un autre miracle, Dominique conseille aux marins en perdition, thème récurrent pour les miracles depuis au moins saint Paul, de réciter le Rosaire :
– Padovanino, Miracle of St Dominic, Oil on canvas, Basilica dei Santi Giovanni e Paolo, Venice
On voit donc les saints voler ou apparaître en songe, à l’instar des anges, ou encore implicitement aidés par ceux-ci, qui les ont déjà guidés vers le ciel.
- Médiagraphie : Wikipédia, wga.hu
P.S. : ne jamais oublier St François.
Le gamin était tombé par la fenêtre avec sa balle …
– Ghirlandaio, Domenico, Resurrection of the Boy (détail)
– Ghirlandaio, Domenico, Resurrection of the Boy, 1483-85, Fresco Santa Trinità, Florence
Deux franciscains n’ont eu qu’à appeler le saint fondateur et pouf! le voici dans une aura prêt au miracle.
P.P.S. Augustin n’est pas mal non plus : il ne sera pas dit que la chute puisse toucher les enfants, on commence à contredire l’interprétation d’origine de la Chute dans la Genèse.
– Simone Martini, Blessed Agostino Novello Altarpiece (detail), 1324, Tempera on wood, 65 x 67 cm, Pinacoteca Nazionale, Siena
Entre ici, saint Bernardin de Sienne … le même thème se décline de façons variées.
– Agostino di Duccio, A Miracle of San Bernardino of Siena, 1457-62, Marble, half life-size, Oratorio di San Bernardino, Perugia
– Matteo di Giovanni, St Bernardino Restoring a Child to Life, 1481-82, Tempera and gold on panel, 31 x 39 cm, Private collection
Dans la foulée, saint Vincent Ferrer se charge de ressusciter les corps ensevelis sous les ruines.
– Bellini, Giovanni, Polyptych of San Vincenzo Ferreri (predella), 1464-68, Tempera on panel, Basilica dei Santi Giovanni e Paolo, Venice (toujours via wga.hu)
Les filles s’y mettent quand même. Après Marie et Madeleine se faisant porter par les anges, Catherine de Sienne y va franco.
– Alessandro Franchi-Gaetano Marinelli, La mère de Catherine voit sa fille monter les escaliers sans toucher terre, 1896 (via .www.viasiena.it)
On revient à l’apothéose et celle de st François Xavier n’est pas piquée des vers.
– Pozzo, Andrea, Apotheosis of St Francis Xavier, 1676-78, Fresco, San Francesco Saviero, Mondovi
Les saints volants c’est une chose, on peut y ajouter les symboles flottants. Ce crucifix, en bois sculpté de la main de Nicodème, a remonté le courant pour arriver à Valence en 1250.
– Vicente Salvador Gómez, Arrival of the Crucifix of Christ the Savior to the City of Valencia (detail), Museum of Fine Arts, Valencia, Spain (via nataliakoptseva.tumblr.com)
« According to the medieval legend, “El Cristo del Salvador” was said to be a miraculous Christ Crucified wooden sculpture carved by Nicodemus himself soon after the Crucifixion. The pious tradition asserts the arrival of the monumental crucifix floating upstream against the current on the river Turia, on November 9, 1250. »
Re-P.-S. avec un retour sur Vincent Ferrer. Bellini, dans la prédelle du polyptique de St Vincent Ferrer, raconte plusieurs miracles :
– Bellini, Giovanni, Polyptych of San Vincenzo Ferreri, 1464-68, Tempera on panel, Basilica dei Santi Giovanni e Paolo, Venice
St Vincent sauve une femme noyée, ressuscite des personnes ensevelies sous les ruines ; brûle la chair de deux criminels mais sauve leurs âmes ; ressuscite un enfant et libère les prisonniers.
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Grégoire le grand annonce le décès de Ste Fina :
– Domenico Ghirlandaio, Announcement of Death to St Fina, 1473-75, Colleggiata, San Gimignano