La cloche

Ayant franchi quelque marque placée là à dessein, je rencontre un muret de pierre.

Il est si bas, si vieux et si large que des arbres poussent dessus, ainsi qu’un chemin. Des animaux ont pu s’y égarer. Rien ne sert de chercher pourquoi le chemin commence là, passe, là, par le muret, puis aussi s’égare.

Au loin, une demeure où la brique s’égaie de motifs dans un camaïeu bien venu. On notera la cloche, comme un rêve qui se balade.

Elle a des yeux qu’on oublie mal, les paupières pas vraiment baissées, les pommettes tendues d’un satin avec semis ; le museau avide sous les lèvres douces. Bon j’ai pris ce chemin je ne lui ai rien demandé me voilà pensif. Qu’a-t-elle dit déjà rien bien sûr et je l’ai regardée.

Cet instant je le savoure un peu amer. Le soleil n’est plus caché mais tout est détrempé. La pierre est déjà sèche. Il fait doux. Curieux mélange de printemps en hiver, cet espace de landes. Tout à l’heure il y avait des prés, sinon des cultures.

La banlieue recule. N’est pas la plus forte.

Franchi ensuite le vallon, sur le flanc Sud, l’oeil se nettoie, la paupière se replie en bon ordre, le front se dégage, à mesure que le paysage se révèle, que la vision offre plus de détails à la fois plus petits et nets.

Et ce sont quoi, pourtant, des arbres et des maisons ? Mais des cottages, une chapelle dissimulée entre haie et bosquet, un bouquet irrégulier, un autre qui semble un arbre.

Très important ce paysage, il me conforte dans l’idée, la certitude que le monde a quelque chose à me dire. Ce n’est pas un dessin, pas un paysage, pas un mot ni un bruit, pas comme s’il y avait une place spécialement pour moi. Mais je suis là!

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