Objets improbables

Colonne tronquée comportant un anneau pour y enchaîner les condamnés à la flagellation.

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– Guercino, The Flagellation of Christ, 1657, Oil on canvas 250 x 185 cm, Galleria Nazionale d’Arte Antica, Rome

La vraie colonne de la flagellation est conservée à Rome :

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Colonne de la Flagellation, Basilique Sainte-Praxède, Rome (via Lalupa – Roma, santa Prassede: colonna della flagellazione di Cristo)

Chapiteau de colonne mis de côté pour servir de support à un levier destiné à placer la croix du condamné dans son trou.

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Lippi, Filippino, Crucifixion of St Philip, 1487-1502, Fresco, Strozzi Chapel, Santa Maria Novella, Florence

Potence inclinable avec crocs de boucher et targette pour exposer plus commodément les ennemis.

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 – Miniaturist, French, The Morgan Crusader’s Bible, c. 1250, Manuscript (M. 638), The Morgan Library and Museum, New York

On pourrait croire que la guerre et le violence sont à l’origine des meilleures comme des pires inventions. Heureusement …

On voit que le lit de ste Ursule, vierge martyre, avec son baldaquin, comporte deux places et une place aux pieds pour les couronnes ; noter qu’une statuette de Vénus et une, d’Hercule, décorent la chambre. La situation comme le décor donnent un sentiment mêlé de surprise.

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 – Carpaccio, Vittore, The Dream of St Ursula, 1495, Tempera on canvas, 274 x 267 cm, Gallerie dell’Accademia, Venice

« (Selon) Jacques de Voragine dans La Légende dorée, il s’agirait d’une princesse bretonne des Cornouailles du IIIe siècle (ou IVe siècle) qui aurait accompli, pour fuir son prétendant, un pèlerinage de trois ans auprès de saint Cyriaque de Rome. À son retour, elle aurait été capturée par les Huns et aurait refusé d’épouser leur chef Uldin (ou son petit-fils Attila ?), et donc d’abjurer sa foi. Elle est massacrée, criblée de flèches par les Huns qui assiégeaient Cologne, ainsi que ses suivantes vierges, au nombre de onze mille. »

Par contre, les Rois mages, faisant le même rêve du message d’un ange, sont forcément à trois dans le même lit :

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 – Gislebertus, Dream of the Magi, 1120-30, Stone, Cathedral of Saint-Lazare, Autun

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 – Lippi, Fra Filippo, Coronation of the Virgin, 1467-69, Fresco Duomo, Spoleto

L‘arc-en-ciel situé au-dessus et au-dessous, passe encore ; le soleil et la lune opposés (en bas), on a déjà vu ; mais il y a un autre soleil plus vaste derrière le Père couronnant la Vierge.

  • Médiagraphie : wga.hu, Wikimedia commons

 

Dernière cène

J’ai voulu donner un aperçu de ce qu’on trouvait sur la table de la Cène dans les tableaux. Je limite en principe la sélection à des tables où il n’y a personne qui en masque une partie. Les dispositions classiques sont, soit tous les apôtres en ligne avec le Christ au milieu, ou bien avec juste Judas de dos, soit deux lignes sur une table plus compacte ; rarement en cercle ou demi-cercle.

Noter que le banquet d’Hérode, les noces de Cana et le festin chez Simon offrent plus de diversité.

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– Romanesque painter, Italian, Last Supper, c. 1080, Fresco, Sant’Angelo in Formis, Capua

Un grand plat avec un chevreau, douze pains, deux coupes, dix couteaux, des quartiers de fruits ?

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– Lorenzetti, Pietro, Last Supper, c. 1320, Fresco Lower Church, San Francesco, Assisi

(Pas de décompte pour celui-là).

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– Lorenzo, Monaco, The Last Supper, 1394-95, Poplar, 47 x 142 cm, Staatliche Museen, Berlin

Un pain, un calice, un couteau. Les apôtres sont pieds nus.

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– Perugino, Pietro, Scenes on the left wall, 1481-82, Fresco, Cappella Sistina, Vatican

Rien sur la table à droite, on arrive trop tôt .Des aiguières et une bassine, deux chats, un chien, des personnes debout, serviteurs ou donateurs.

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 – Ghirlandaio, Domenico, Last Supper (detail), c. 1486, Fresco, San Marco, Florence

Avec Ghirlandaio, on se sustente avec des cerises. (Pas de décompte pour celui-là non plus).

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– Siloe, Gil de, Main Altar (detail), 1496-99, Wood , Monastery of Miraflores, Burgos

Un plat avec un chevreau, trois pains, deux assiettes, deux verres, trois couteaux. Gil de Siloé ajoute à la scène l’épisode de la pécheresse qu’on voit d’ordinaire à la table de Simon ; de plus, le disciple que Jésus aimait donne l’impression d’avoir carrément la tête dans un plat, rappelant le Baptiste à la table d’Hérode.

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– Andrea del Sarto, The Last Supper, 1520-25, Fresco, 525 x 871 cm, Convent of San Salvi, Florence

C’est une fresque dans un couvent, parfois modèle de pauvreté, elle comporte : un plat avec du pain, quatre assiettes creuses et deux plates, deux morceaux de pain, un grand pichet à terre. Les apôtres sont toujours pieds nus.

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– Cleve, Joos van, Altarpiece of the Lamentation, 1520-25, Oil on wood, Musée du Louvre, Paris

La cène sur la prédelle repart plus fort avec un plat, cinq assiettes, douze pains, une pomme, deux carafes, dix verres, des fleurs et des herbes aromatiques.

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– Caylina, Paolo the Younger, The Last Supper, c. 1540, Fresco transferred to canvas, 181 x 300 cm, Szépmûvészeti Múzeum, Budapest

Un plat avec un chevreau, deux carafes, trois verres, dix morceaux de pain, cinq couteaux, deux salières.

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– Bassano, Jacopo, The Last Supper, c. 1546, Oil on canvas, 168 x 270 cm, Galleria Borghese, Rome

Un plat avec une tête de mouton, une carafe, un verre à pied, une orange, un pain et un morceau de pain, trois couteaux, une bassine et une aiguière à terre, un chien et un chat.

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– Leonardo da Vinci, Last Supper (copy), 16th century, Oil on canvas, 418 x 794 cm, Da Vinci Museum, Tongerlo

Avec cette copie de la Cène de Léonard, on peut compter environ trois plats, douze assiettes, dix pains, onze pommes …

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– Peut-être la ultima hora (via blogs.upm.es)

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– Borrás, Fray Nicolás, The Last Supper, 1570s, Oil on panel, 49 x 46 cm, Private collection

Un plat vide, deux morceaux de pain, un verre, un récipient, un calice, une bourse, une aiguière à terre.

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– Tintoretto, The Last Supper, 1592-94, Oil on canvas, 365 x 568 cm, San Giorgio Maggiore, Venice

Le Tintoret nous gâte avec quatre plats garnis. Quatre carafes, trois assiettes, trois coupes, plus ce que présentent les serviteurs. L’aura des apôtres et les anges apportent au tableau une atmosphère très prenante.

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– Champaigne, Philippe de, The Last Supper, c. 1652, Oil on canvas, 158 x 233 cm, Musée du Louvre, Paris

Un pain, un hanap, une aiguière à terre. On change d’époque, les apôtres ont des sandales.

En gros, à partir des tableaux analysés, les douze apôtres et le Christ se partagent un plat, quatre pains, un fruit, une aiguière, une carafe, deux verres et un couteau. Se rappeler que la Cène est l’occasion de l’institution d’un sacrement plutôt que d’une grande ripaille.

Même à Emmaüs ils en ont plus à trois sur la table :

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– Bloemaert, Abraham, The Emmaus Disciples, 1622, Oil on wood, 145 x 215,5 cm, Musées Royaux des Beaux-Arts, Brussels

Un plat de côtelettes, du pain, un autre pain rompu, des pommes, des marrons, deux assiettes, un couteau, un verre, deux bougeoirs, deux pichets à terre. Et la cuisine a l’air bien équipée :

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– Rijck, Pieter Cornelisz van, Kitchen Scene with the Supper at Emmaus, 1605, Pen and brown ink, brown wash, over lead pencil, 267 x 419 mm, The Hermitage, St. Petersburg

  • Médiagraphie : wga.hu

On n’a que deux calices à proprement parler dans la sélection. Je reviens sur le sujet.

– –   – –

P. S.

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– Riemenschneider, Tilman, The Last Supper, 1501-02, Limewood, height of figures c. 100 cm, Sankt Jakob, Rothenburg ob der Tauber

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– via abolox (flickr)

Journées du patrimoine 2018 à la chapelle de l’hôpital Laënnec :

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– (via img.aws.la-croix.com)

Trop frugaux, les apôtres ? Dans la tapisserie de Bayeux les agapes montrent 24 objets pour six convives …

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– Unknown weawer, English, The Bayeux Tapestry (detail), c. 1080, Wool embroidered on a linen background, Musée de la Tapisserie de la Reine Mathilde, Bayeux

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– Jacomart, Jaume Baço, The Last Supper, 1450s, Panel, Cathedral Museum, Segorbe

P.-.S. 2 :

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– Unknown Spanish sculptor, High Altar (detail), 1498-1504, Polychrome larch wood, Cathedral, Toledo

Asnath

Asnath ou Asenath, Aseneth pour les anglais, est évoquée deux fois dans la Bible, dans la Genèse, chapitre 41 :

« Pharaon appela Joseph du nom de Tsaphnath Paenéach; et il lui donna pour femme Asnath, fille de Poti Phéra, prêtre d’On. Et Joseph partit pour visiter le pays d’Égypte. Joseph était âgé de trente ans lorsqu’il se présenta devant Pharaon, roi d’Égypte; et il quitta Pharaon, et parcourut tout le pays d’Égypte. »

« Avant les années de famine, il naquit à Joseph deux fils, que lui enfanta Asnath, fille de Poti Phéra, prêtre d’On. Joseph donna au premier-né le nom de Manassé, car, dit-il, Dieu m’a fait oublier toutes mes peines et toute la maison de mon père. Et il donna au second le nom d’Éphraïm, car, dit-il, Dieu m’a rendu fécond dans le pays de mon affliction. »

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– Illustration by Owen Jones from « The History of Joseph and His Brethren » (Day & Son, 1869).

Pharaon donne Asnath, fille de Poti Phéra, à Joseph. On se rappelle sans doute que le premier maître de Joseph, esclave en Égypte, s’appelait Putiphar. Les midrash (littérature rabbinique) complètent l’histoire. Tout d’abord, on explique que Joseph, l’un des patriarches, père de deux tribus d’Israël, n’a pas épousé une infidèle. Elle s’est donc enfermée dans une tour et convertie et on la voit ici, jetant des démons par la fenêtre :

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Unknown master, Flemish, Joseph and Asenath, c. 1500, Oak, diameter 153 cm, Staatliche Museen, Berlin

Dans cet épisode, elle est visitée par Metanoia, l’ange du repentir, et partage un peigne avec celui-ci …

Une autre tradition la donne comme fille de Dinah, soeur de Joseph, enlevée par un étranger : l’enfant fut chassée par Jacob et élevée par le fameux Putiphar.

Ensuite vient l’épisode où Jacob, père de Joseph et des autres ancêtres des douze tribus, bénit les deux fils de Joseph. Dans cet épisode important, Asnath est souvent représentée, quoique le livre saint n’en souffle mot. Mais que pensait-elle, au juste, avait-elle aussi ses préférences ? Genèse, chapitre 48 :

« Joseph reprit ses deux enfants d’entre les genoux de son père et se prosterna face contre terre. Puis il les prit tous les deux, Ephraïm à sa droite – donc à gauche d’Israël [Jacob] – et Manassé à sa gauche – donc à la droite de son père – et les fit approcher de lui. Mais Israël tendit la main droite et la posa sur la tête d’Ephraïm, qui était le plus jeune, et sa main gauche sur la tête de Manassé. Il croisa donc ses mains, bien que Manassé fût l’aîné. »

« Joseph remarqua que son père avait posé sa main droite sur la tête d’Ephraïm. Cela lui déplut et il prit la main de son père pour la faire passer de la tête d’Ephraïm sur celle de Manassé. Il dit à son père: Pas ainsi, mon père, c’est celui-là l’aîné; mets donc ta main droite sur sa tête. Mais son père refusa et dit: Je sais, mon fils, je sais. Celui-là aussi deviendra un peuple! Lui aussi sera grand. Pourtant son frère cadet sera plus grand que lui et sa descendance formera plusieurs peuples. »

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– (via theinfolist.com)

Jacob Blessing Ephraim and Manasseh, by Rembrandt

– Rembrandt, Jacob Blessing Ephraim and Manasseh, 1656, oil on canvas , 173 x 209 cm, Gemäldegalerie Alte Meister

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 – Benjamin West, Jacob Blessing Ephraim and Manasseh, 1766-68, Allen Memorial Art Museum

Rappelons que Jacob avait obtenu le droit d’aînesse lui aussi en trompant Isaac. Il avait pris de la peau de chevreau pour faire croire à son père qu’il bénissait Ésaü le poilu.

 – –   – –

Au XXe siècle, paraît un bouquin qui reprend l’histoire de la conversion et du mariage d’Asenath. La tradition vient d’une source syriaque, donc chrétienne, et l’on se demande quel intérêt avaient des chrétiens à relater cet épisode … sauf si par hasard il ne dévoilerait pas secrètement le mariage de Jésus avec une certaine pécheresse. Marie-Madeleine devient alors une prêtresse phénicienne dûment convertie et le mariage mystique ne fait que refléter les noces de la déesse Artémis avec le soleil.

Sans aller jusque là, on sait que Joseph est le type même du Christ : ses tribulations, au même titre que celles d’Adam, de David ou de Moïse, ne faisaient que préfigurer celles du Seigneur. Mais la typologie des théologiens est sélective. Que Joseph soit laissé pour mort dans une citerne par ses frères, ça compte ; qu’il se marie, là non.

  • Médiagraphie : Wikimedia commons, Web Gallery of Arts.
  • Voir aussi : jwa.org/encyclopedia/article/asenath-bible

Un peu plus rock’n’roll est l’histoire du tableau qui suit.

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– Mattia Preti, Jacob blessing his grandchildren, Ephraim and Manasseh, in the presence Joseph and their mother Asenath

Un contributeur de Wikipédia assure que son oncle lui a juré que le tableau appartenait au grand-père, résidant à Cuba, en 1950, et demande si quelqu’un a une idée de l’origine du tableau …

« The original painting was hidden in Cuba for many years by my grandfather. He then brought the painting to America in the 1950’s and hid it until the 1990’s when it was sold to The Whitfield Gallery. If anyone out there can tell me the « Provenance » of the painting before 1950, I would be grateful. This statement is true to the best of my knowledge from my own Uncle’s sworn statements.« 

Cueillette dans le jardin des sciences

  • Pierre Barthélémy, passeur de sciences – passeurdesciences.blog.lemonde.fr

– Bientôt un robot « volant » (en réalité capable de se déplacer en apesanteur) pour assister les astronautes de la Station spatiale internationale. Sera-t-il aussi malin que R2-D2 ? (Les Échos)

– Sur Twitter, le faux est plus fort que le vrai et se propage nettement plus vite. Une étude qui fait la « une » de la revue Science ce vendredi 9 mars.

« Si 51% des citoyens se déclarant « Démocrates » ont encore confiance dans les médias traditionnels, seuls 14% de ceux qui préfèrent les Républicains le font (on observe la même opposition sur le sujet de la confiance envers les climatologues sur le réchauffement climatique, quelque soit le niveau d’étude). « 

  • Futura Sciences – futura-sciences.com

 – Pourquoi les éléphants n’ont-ils pas de cancer ?

« Des chercheurs ont exploré les régions non codantes du génome de certains mammifères pour mieux comprendre des maladies humaines. Chez l’éléphant, animal connu pour souffrir rarement de cancer, ils ont identifié des régions qui favorisent la réparation de l’ADN et la prévention des mutations. »

  • MIT Technology Review – technologyreview.com (en anglais)

 – Stephen Hawking, célèbre cosmologue britannique, décède à 76 ans.

« Ses découvertes clés : le big bang est né d’une singularité (à l’opposé d’un trou noir) ; les trous noirs ne sont pas complètement clos, ils rayonnent de l’énergie et finissent par s’évaporer ; des fluctuations quantiques dans l’univers primitif seraient la cause des amas de galaxies observés. »

  • Blogs Pour la Science – scilogs.fr

 – Un dinosaure amphibie entre le cygne, le canard, le pingouin, le cormoran et le gavial

  • Internet Actu – internetactu.net

 – En route pour la dé-extinction : comment, pourquoi ressusciter des espèces disparues ?

« Il faut obtenir le génome de l’espèce en question, et si celle-ci a disparu depuis longtemps, il sera nécessaire de patiemment le reconstituer ; puis ensuite, il faudra faire naître un spécimen. Enfin, même cela n’est pas suffisant : à quoi servirait un seul et unique mammouth, ou un seul pigeon migrateur ? »

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– Coulée de lave (via Bruce Omori)

Deuxième République

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La Deuxième République est le régime politique qu’ont connu ou connaissent les pays suivants :

  • Arménie entre 1920 et 1991.
  • Autriche depuis 1945.
  • Brésil de 1945 à 1964.
  • Corée du Sud de 1960 à 1961.
  • Côte d’Ivoire de 2000 à 2016.
  • Espagne de 1931 à 1939.
  • France de 1848 à 1852.
  • Ghana entre 1969 et 1972.
  • Grèce de 1924 à 1935.
  • Hongrie de 1946 à 1949.
  • Italie depuis 1994.
  • Madagascar entre 1975 et 2002.
  • Maldives depuis 1968.
  • Niger de 1989 à 1993.
  • Nigéria de 1977 à 1983.
  • Philippines de 1943 à 1945.
  • Pologne de 1920 à 1939.
  • Portugal de 1926 à 1974.
  • Rome entre 1144 et 1193.
  • Slovaquie depuis 1993.
  • Tchécoslovaquie de 1938 à 1939.
  • Zaïre (RDC entre 1971 et 1997) de 1967 à 2006.
  • Venezuela entre 1813 et 1814.

Sur l’échelle

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 – Poel, Egbert van der, Barnyard Scene, 1658, Oil on panel, 54 x 44 cm, Museum of Foreigh Art, Riga

L’échelle est d’abord un outil, pas toujours bien sécurisé, mais le symbolisme veille et la tentation est grande de l’utiliser, élévation, liberté, spiritualité etc. Ainsi pour la libération d’Arsinoë, qui est en relation avec la destruction de la Bibliothèque d’Alexandrie :

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– Tintoretto, The Liberation of Arsinoe, c. 1556, Oil on canvas, 153 x 251 cm, Gemäldegalerie, Dresden

César débarque à Alexandrie et cherche une alliance avec la famille régnante (et très compliquée) des Ptolémée : Cléopâtre semble pour, Arsinoë IV et Ptolémée XIII non.

« Au cours d’un engagement sur l’île de Pharos, Jules César ne doit son salut qu’à la fuite, en se jetant dans la Méditerranée et en nageant pour échapper aux soldats égyptiens. La bibliothèque d’Alexandrie est détruite dans l’incendie du port pendant ces évènements. Arsinoé IV, otage des Romains, parvient à s’échapper avec l’aide de l’eunuque Ganymède. Elle rejoint l’armée égyptienne … » (Wikipédia)

Inévitablement, on trouve aussi un aspect guerrier, ici poliorcétique (l’art du siège) :

– Leonardo da Vinci, Siege Defenses, 1480-82, Drawing, Biblioteca Ambrosiana, Milan

Pour la Sainte Famille, des anges réparent le toit de chaume tandis que d’autres vont tirer de l’eau.

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 – Unknown master, German, The Holy Family with Angels, c. 1425, Oak, 25 x 19 cm, Staatliche Museen, Berlin

Fresque de l’hôpital Ste Marie de l’échelle – dans la vision de St Sorore, la Vierge accueille des enfants qui ont gagné le ciel en grimpant sur l’échelle qui est l’emblème de l’hôpital.

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 – Vecchietta, The Vision of St Sorore, 1441, Fresco, height c. 450 cm, Pellegrinaio, Spedale di Santa Maria della Scala, Siena

La Bible utilise l’échelle dans un seul récit, celui du rêve de Jacob avec une procession d’anges, Gn 28,12. L’iconographie est beaucoup plus précise : la construction de la tour de Babel, et, pour le le déroulement de la passion, la mise en croix comme la déposition en ont nécessité. L’échelle s’allie au défi, à la désolation …

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– Miniaturist, Flemish, Egerton Genesis, 1350-75, Manuscript (MS Egerton 1894), 245 x 185 mm, British Library, London

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– Miniaturist, Flemish, Rothschild Book of Hours, 1500-05, Manuscript (Additional MS. 35313), British Library, London

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– Mosaic artist, Italian, Nave, centre aisle, north wall (detail), 1180s, Mosaic, Cathedral, Monreale

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– Tiepolo, Giovanni Battista, Jacob’s Dream, 1724-29, Fresco, Palazzo Patriarcale, Udine

« Pater dimicte … » Père pardonnez à ceux qui ne savent pas …

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– Angelico, Fra, Nailing of Christ to the Cross (Cell 36), 1441-42, Fresco, 169 x 134 cm, Convento di San Marco, Florence

– –   – –

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 – Weyden, Rogier van der, Deposition, c. 1435, Oil on oak panel, 220 x 262 cm, Museo del Prado, Madrid

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Weyden, Rogier van der, Abegg Triptych, c. 1445, Oil on oak panel, 102 x 70,5 cm (central), 103 x 31 cm (each wing), Abegg-Stiftung, Riggisberg near Berne

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– Unknown master, Flemish, Deposition, 1470s, Oil on oak panel, 129 x 95 cm, Wallraf-Richartz-Museum, Cologne

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– Unknown master, Flemish, Edelheere Altarpiece, 1443, Oil on oak panel, 100 x 105 cm (central panel), 105 x 53 cm (each wing), Sint-Pieterskerk, Leuven

Ca devient même très technique et ce sont presque plus les madriers que les personnages qui structurent la scène :

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– Sansovino, Jacopo, Deposition, 1508-10, Wax, cloth and wood with gilding, 88 x 90 cm, Victoria and Albert Museum, London

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– Bacchiacca, Deposition, c. 1518, Oil on wood, 93 x 71 cm, Galleria degli Uffizi, Florence

Et puis il n’y a pas que les crucifiés :

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 – Predis, Cristoforo de, De Sphaera, 1450s, Manuscript (Ms. lat. 209), 245 x 164 mm, Biblioteca Estense, Modena

  • Médiagraphie : wga.hu

P.S. Les auteurs flamands apportent leur touche de folie et de gestion du risque :

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– Bosch, Hieronymus, Triptych of Haywain (right wing), 1500-02, Oil on panel, 135 x 45 cm, Museo del Prado, Madrid

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– Bruegel, Pieter the Elder, Prudence, 1559, Drawing on paper, 224 x 300 mm, Musées Royaux des Beaux-Arts, Brussels

Dame Prudence, un tamis sur la tête, tient à la main un miroir et porte un cercueil en marchant sur une échelle vers le saloir. Je n’en dis pas plus.

On trouve quand même des visisons paisibles comme celle-ci :

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– Lega, Silvestro, Country Girl Leaning against a Ladder, c. 1885, Oil on canvas, 38 x 29 cm, Galleria dell’Arte Moderna, Palazzo Pitti, Florence

Quelque chose comme un rappel de l’échelle de Jacob dans cette fuite en Égypte:

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– Elsheimer, Adam, Rest on Flight into Egypt, c. 1599, Oil on copper, 37,5 x 24 cm, Staatliche Museen, Berlin

Tiens une échelle :

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– Altar of Our Lady of Sorrows in the Monastery Church of Saint Nicholas, Grosscomburg, Germany

Encore Jacob, mais avec l’inspitation de Blake :

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– William Blake, Jacob’s Ladder, 1806, pencil, watercolor

Toujours le plus sûr moyen de monter au ciel :

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– Dürer, Albrecht, Illustration to Revelationes Sancte Birgitte, 1500, Woodcut, British Museum, London

Leaf 12 of the Revelationes Sancte Birgitte represents St Bridget who, while riding to her castle of Vadstena with retinue and a multitude of people, has a vision of Magister Magnus ascending to Heaven.

Au risque de se répéter un peu :

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– Miniaturist, Greek, Collection of Medical Texts, c. 1000, Manuscript (Plut. 74. 7), Biblioteca Medicea Laurenziana, Florence

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– James Thornhill, Jacob’s Dream, 1705 (via ndb1963.tumblr.com)

Wenzel Jamnitzer

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 – Jamnitzer, Wenzel, Inkstand, 1560s, Silver, 23 x 10 x 6 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienna

Cet encrier m’a fait m’interroger sur l’orfèvre qui l’a réalisé. Je suis tombé sur un personnage étonnant, qui a vécu dans ce siècle de la Renaissance où Dürer et Léonard ont étonné encore avant lui. C’est une époque où l’abaque, le calcul avec les chiffres arabes au lieu des chiffres romains, moins pratiques, se développe. La perspective se développe également et les peintres s’en emparent, comme de la géométrie.

Il y a alors une collusion entre mathématiciens et artistes, qui se base, entre autres, sur l’accès aux sciences des grands grecs comme Pythagore ou Platon, transmises par l’intermédiaire des lettrés arabes. L’un des savants d’alors est Luca Pacioli. C’est le père de la comptabilité en partie double (qui sera améliorée ensuite : partie trouble, partie triple …) Il publie De divina proportione (Venise, 1509) avec des illustrations par De Vinci pour les polyèdres, solides ou en treillis, sujet sur lequel Piero della Francesca avait déjà travaillé.

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– Jacopo de’ Barbari, Portrait of Luca Pacioli, 1495, 98 x 108 cm, Museo Nazionale di Capodimonte

Le portrait représente Pacioli avec un étudiant, peut-être Guidobaldo da Montefeltro, un dodécaèdre et un rhombicuboctaèdre.

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– Francesco Melzi, Leonardo Da Vinci

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– Léonard de Vinci, polyèdres, « octoedron abscisus vacuus » « vigintisex basium elevatus solidus » &c.

Les cinq solides platoniciens sont des polyèdres réguliers composés d’un seul type de face, elle-même régulière (mêmes côtés, mêmes angles). D’autres polyèdres moins réguliers, en étoile et autres, existent et nos artistes y ont trouvé, chacun avec leur style, matière à inspiration. Léonard est plus connu comme peintre, écrivain et inventeur, Dürer comme graveur ; le dernier, Jamnitzer, était aussi orfèvre.

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– Albrecht Dürer, Self-portrait, 1493, oil on parchment pasted on canvas, 1493, Louvre Museum

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– Dürer, Albrecht, Melencolia I, 1514, Engraving, 239 x 189 mm, Kupferstichkabinett, Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe

Mélancolie, avec son carré magique portant la date de l’oeuvre, son octaèdre tronqué à deux extrémités, son symbolisme foisonnant, à son tour a su inspirer de nombreux poètes et romanciers.

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– Albrecht Dürer, Underweysung der Messung, mit dem Zirckel und Richtscheyt, in Linien, Ebenen unnd gantzen corporen, Nürnberg, 1525

« Instructions pour les mesures au compas et à la règle, des lignes, plan et corps entiers. » L’ouvrage inclut la construction des spirales, le développement plan de polyèdres comme ci-dessus &c.

Et voici le troisième larron, Wenzel Jamnitzer, pour qui les polyèdres n’ont plus aucun secret :

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 – Nicolas Neufchatel, Wenzel Jamnitzer, circa 1562, painting, Museum of Art and History in Geneva (Switzerland).

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Jamnitzer, Wenzel : gravures géométriques et oeuvres

L’oeuvre de Wenzel Jamnitzer est assez disparate mais définit assez bien son temps …

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– Jamnitzer, Wenzel : orfèvrerie et gravure

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 – Giovanni da Verona, Fra, Intarsia polyhedra, c. 1520, Wood, Santa Maria in Organo, Verona

 

Skull and bones

Skull and bones : crâne et ossements. Le thème, confisqué par les films de pirates ou de zombies, est de tous les temps. C’est d’abord l’emblème de la Mort elle-même, avec le suaire et la faux. Les semeurs de morts, dragons, lions et autres, s’environnent d’os bien reconnaissables, comme les crânes et les tibias, le plus souvent humains.

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– Bellini, Giovanni, Pesaro Altarpiece (predella), 1471-74, Oil on wood, 40 x 36 cm, Musei Civici, Pesaro

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 – Carpaccio, Vittore, St George and the Dragon, 1516, Oil on canvas, 180 x 226 cm, predella 16 x 52 cm (each), San Giorgio Maggiore, Venice

Auprès des ossements, les coquillages aux pieds d’Andromède n’en paraissent que plus déplacés, à moins qu’on y voie une allusion, comme dans la naissance de Vénus de l’onde, à la féminité.

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Wteweal, Joachim, Perseus and Andromeda, 1611, Oil on canvas, 180 x 150 cm, Musée du Louvre, Paris

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– Rubens, Pieter Pauwel, Daniel in the Lion’s Den, c. 1615, Oil on canvas, 224 x 330 cm, National Gallery of Art, Washington

Il y a le songe d’Ézékiel, avec une préfiguration de la Résurrection finale :

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Et puis on se retrouve au Calvaire où le crâne est une constante, le lieu s’appelant Golgotha, soit le « lieu du crâne ». Mais il est constant qu’on retrouve souvent le tibia à côté, en plus d’innombrables allégories et symboles.

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 – Cranach, Lucas the Younger, Weimar Altarpiece: Crucifixion (central panel), 1555, Wood, Stadtkirche Sankt Peter und Paul, Weimar

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 – Unknown master, Netherlandish, Calvary of Hendrik van Rijn, c. 1363, Panel, 133 x 130 cm, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Antwerp

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 – Weyden, Rogier van der, Abegg Triptych, c. 1445, Oil on oak panel, 102 x 70,5 cm (central), 103 x 31 cm (each wing), Abegg-Stiftung, Riggisberg near Berne

Une méditation empreinte de gaieté :

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– Carpaccio, Vittore, The Meditation on the Passion, c. 1510, Oil and tempera on wood, 70,5 x 86,7 cm, Metropolitan Museum of Art, New York

 

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– Ossuary, La Martyre, Brittany

P.S. : Il y a aussi les nègres marrons. Le terme de marron vient de l’espagnol cimarrón : vivant sur les cimes.

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– Detail from William Blake’s illustration John Gabriel Stedman, Narrative, of a Five Years’ Expedition, against the Revolted Negroes of Surinam, copy 2, object 2 (Bentley 499.2) « A Negro hung alive by the Ribs to a Gallows »

Gravure de William Blake représentant un esclave pendu par un crochet, probablement extrait d’un ouvrage de John Gabriel Stedman racontant une expédition de 5 ans (1772 à 1777) au Guyana contre les esclaves noirs révoltés du Suriname. De telles gravures, en informant le public européen des traitements infligés aux révoltés, ont probablement renforcé les courants abolitionnistes (Wikipédia)

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Petite résurrection partielle avant la finale :

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– Masaccio, Raising of the Son of Theophilus and St Peter Enthroned, 1426-27, Fresco, 230 x 598 cm, Cappella Brancacci, Santa Maria del Carmine, Florence

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– Brueghel, Jan the Elder, Panoramic Landscape with Travellers, c. 1610, Oil on copper, 22 x 33 cm, Private collection

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– Anonymous Flemish artist – Vanitas (outer wings of the altar triptych). Around 1540-60

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– Goltzius, Hendrick, Quis evadet ?, 1594, Engraving, 213 x 157 mm, Szépmûvészeti Múzeum, Budapest

Flos novus, et verna fragrans argenteus aura / Marcescit subito, perit, ali, perit illa venustas. / Sic et vita hominum iam nunc nascentibus, eheu, / Instar abit bullae vani[tas] elapsa vaporis.

 

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– Rubens, Peter Paul, Christ Triumphant over Sin and Death, 1615-22, Oil on canvas, 182 x 230 cm, Liechtenstein Museum, Vienna

 

 

Chapeaux en solde

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– ‘The Dawnce of Makabre’ from Carthusian miscellany, Yorkshire or Lincolnshire ca. 1460-1500. BL, Add 37049, fol. 32r (via discarding images)

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– Romanesque glass painter, German, Hosea, after 1132, Stained glass window, 220 x 50 cm, Cathedral, Augsburg

Osée 5:2 “et victimas declinastis in profundum et ego eruditor omnium eorum” (Par leurs sacrifices, les infidèles s’enfoncent dans le crime,mais j’aurai une correction pour eux tous) via wga.hu

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– Arcimboldo, Giuseppe, The Librarian, c. 1566, Oil on canvas, 97 x 71 cm, Skoklosters Slott, Bålsta (Stockholm)

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– Burgkmair, Hans, Portrait of Jacob Fugger, 1510-12, Chiaroscuro woodcut using two blocks, 210 x 145 mm, Kupferstichkabinett, Staatliche Museen, Berlin

Jacobus Fugger Civis Augustae

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– Vigée-Lebrun, Élisabeth, Self-Portrait in a Straw Hat, after 1782, Oil on canvas, 98 x 70 cm, National Gallery, London

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– Gonzague, Visconti, Sforza, Da Feltre, par Pisanello et alii.

Seul parmi ces princes italiens le dit Leonello d’Este va tête nue, mais peut-être est-ce qu’il avait la grosse tête ?

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 – Pisanello, Leonello d’Este (obverse and reverse), c. 1441, Cast lead, diameter 7 cm, Private collection