Notes de lecture

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Depuis dix ans sous ces latitudes, le temps était à l’orage. Un jour le vent se leva, prit une direction différente et souleva une feuille morte.

Depuis toujours dans la région, les gens ont attendu l’orage. On dit qu’un ancien est mort en citant un présage que son tuteur lui avait transmis. Le présage serait causé par le mouvement d’une feuille. Il est difficile d’en savoir plus.

Et cela paraît si incroyable.

On ignore pourquoi cette peuplade méconnaissait l’usage des outils. Ils avaient une forêt, une mine de fer à ciel ouvert, mais ils n’ont jamais creusé de puits. La mine a été exploitée et des fours rudimentaires ont été retrouvés, avec des traces certaines d’incendies, peut-être accidentels. Que faisaient-ils ?

Un vagabond a mis à jour des gravures rupestres dans un abri sous roche, où l’on peut distinguer, selon un ethnologue, depuis longtemps oublié par les tenants de la science bien-pensante, des silhouettes bipèdes manipulant des formes géométriques, un peu comme des losanges.

Il a parlé d’objets rituels destinés à attirer la pluie. De fait, le ruisselet qui a là creusé son lit, voici des millénaires, est asséché depuis, et tout porte à croire que le problème était grave.

Mais imaginer que se sont construits là des cerfs-volants en fer ?

– surtout dans une contrée sans vent.

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– archéologie d’artefacts dans des lieux sans vent.

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P. S. : Coïncidence curieuse avec cet article paru dans Pour la Science en juin 2023 (la novelette ci-dessus a plus de vingt ans) :

Les plus vieux plans du monde découverts en Jordanie et en Arabie

Trinquons

– Train court ? train long ? – Ça m’a tout l’air d’être un …

Pourquoi tant de gens courent-ils le marathon ? Le guépard est capable de pointes de vitesse remarquables. Le cheval et le zèbre sont réputés pour leurs belles allures. De tout le règne animal, c’est l’homme qui est capable de courir le plus efficacement : longtemps et avec rapidité, par exemple pour pister son gibier. Ou son ennemi.

Pourquoi, de toute antiquité, le javelot et le poids sont-ils devenus disciplines olympiques ? De tout ce foutu règne animal, c’est encore l’homme qui peut lancer un objet le plus loin. Un caillou, un objet contondant, capable de bien assommer une proie. Il a aussi inventé le propulseur pour amplifier l’effort qui part du torse pour communiquer à l’épaule l’impulsion qui va démultiplier la course du bras. Ou le couteau de marque suisse, plus spécifiquement destiné à affaiblir très durablement son rival.

Pourquoi rêver sans cesse de compétition ? Il existe des animaux très industrieux dans tous les domaines. L’homme est assez médiocre en tout, mais il tente de compenser en étant un peu plus conscient de ce qu’il fait. Ainsi, tendre des pièges va bien au-delà du guet patient des fauves, perchés sur une branche ou à l’affut dans un fourré obscur. Le piège reste là tandis que l’homme vaque à d’autres occupations. Ou songe à sa vengeance.

L’esprit humain a ceci de particulier qu’il s’est hyper adapté, semble-t-il, à la détection des états de conscience chez l’autre. Tu me caches quelque chose. Elle sait que je sais qu’il croit que je pense qu’elle sait que j’ai peur. Ou pas.

La religion, dit-on, a commencé avec les soins apportés aux morts, comportant la parure, les festivités et l’ensevelissement, la crémation ou l’exposition aux rapaces. En combinant le piège et la religion, on peut balancer des monceaux de rochers sur l’animal féroce pour qu’il reste au fond. Ou sur l’adversaire, avec son train lourd.

B9O9.2-0

– On peut voir les cloches de Pâques clore l’époque des clashs.

Quand j’ai entendu le premier couteau siffler à mes oreilles, j’ai prié. Je suis passé tout près du petit charme dont le feuillage traînait par terre. Je n’étais pas sûr que ça marche, mais l’avantage compétitif de mon industrie était évident après coup. Il n’a même pas crié sur les piques de bambou. Je n’ai même pas pris la peine de lui piquer son deuxième couteau de marque suisse. J’ai recouvert la fosse de terre et je suis parti vaquer. Ou trinquer.