Carlo Crivelli, l’Annonciation d’Ascoli, 1486, tempera et or sur toile, 207×146 (détail).
Le tableau est découpé, par le biais de l’architecture représentée, en ce qui peut sembler des histoires indépendantes. La liberté ecclésiastique d’Ascoli est réaffirmée par le légat du pape le jour de l’annonciation en 1482 et deux tableaux sont commandés à cette occasion : celui de Crivelli juxtapose des scènes dont les rapports sont bien connus alors.
Avec l’ange Gabriel, c’est l’évêque St Emidius, dont le nom signifierait demi-dieu, un saint local, qui se tient. Parfois des donateurs figurent sur des panneaux latéraux, c’est rare que des tiers interviennent aussi près dans la scène de l’annonciation. Les armes sont celles de la ville, Ascoli Piceno, du pape Innocent VIII, élu en 1484 et de l’évêque Prospero Caffarelli, futur cardinal romain.
La ville disposait de sa liberté ecclésiastique depuis 1390, l’avait perdue entre temps et venait de déposer une requête pour la renouveler. La liberté en question consistait en une certaine autonomie administrative au sein de la marche d’Ancône, à l’est de la principauté papale.
L’annonce par pigeon voyageur de la venue du légat, Silvestro Lavro, évêque de Camerino, fut l’occasion de préparer une fête, prenant l’accord pour acquis sans même savoir si la réponse était positive. Le pape, Sixte IV, qui fit construire la chapelle Sixtine, était en guerre avec Ferdinand Ier de Naples et, un peu surpris, se contenta d’exiger une rente de trois mille ducats.
Le lys, le paon, le pot avec l’arbuste sur la fenêtre et d’autres éléments enrichissent la scène de multiples symboles. Une cage à oiseaux, une autre plante, un tapis occupent le balcon à droite, les mêmes éléments se retrouvent avec les deux lecteurs sur l’arche. Des angelots décorent la façade. L’annonciation se dit en grec euangelismos, qui a donné évangile. La bonne nouvelle est délivrée par l’archange, qui se tient à distance, au moment même où le Saint-Esprit descend du ciel pour la conception divine.
Le tableau de 2 m de haut ornait une chapelle de la ville. Pris par les armées révolutionnaires françaises, il finit à Brera (Milan) et est vendu à un antiquaire en 1820. À l’origine sur bois, il est transféré sur toile et aujourd’hui conservé à la National Gallery de Londres.
(source – it.wikipédia)