Tout concorde, se dit la vieille sardine : Ma grand-mère qui voulait boucher le port, les contreforts en terre cuite dressés tout le long des côtes, sous le nom de marinas, et que les orages ne parviennent pas à user; les cultures d’algues, cultivées à l’origine dans les aquariums géants moganesques, et qui, maintenant, nous affament; et maintenant encore, les arrêts de travail des pêcheurs et dockers, las des changements incessants, sans parler des déchets et des baignades insensées dans l’huile de roche …
dès demain, je fais mon exposé.
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Bon, le banc de droite, faites silence ! je commence avec la navigation côtière.
Phéniciens, Carthaginois, pêcheurs grecs, romains, ils ont tous essayé de parler de commerce et, sous ce couvert, ont pêché le poisson salé et laissé couler galères, trirèmes, barques à têtes de drakkar, dans les fonds si limpides.
Ils ont appelé notre mère « la mer à nous » puis « au milieu des terres ». Puis ils ont tenté de se nourrir d’autres choses, et nous ont empoisonné, des siècles durant, de leurs déchets pas toujours digestes. Mais leur plan est autrement plus terrible. Patience.
C’est la vieille mouette des alyscamps qui me l’a dit : ils ont dressé des milliers de barrages sur les grands fleuves. Provisoirement, ils vont se nourrir d’algues, et nous laisser nous débrouiller, dans un grand mouvement de conscience écologique, qu’ils disent : mais c’est juste parce que, cette algue-là, bien qu’elle digère bien la pollution, rend le fond opaque et sale.
A terme, ils prévoient de resserrer les barrages, de compléter les digues de béton sur les côtes, vous savez, toujours ces fameuses marinas, et de créer d’autres mers intérieures, avec des saloperies de poissons d’eau douce.
Et notre mère, ils vont l’assécher pour la curer.
Aussi, sans remords, je vous enjoins à quitter cette soupe qu’ils nous ont mijoté! découvrons le vaste monde. Il y a d’autres mères pacifiques, sympathiques, atlantiques, &c : allons-y en bloc. j’ai terminé.