« Si on leur a donné des ailes, c’est parce que le vol est le plus parfait et le plus noble d’entre les mouvements locaux de l’animal, qui permet de s’approcher et de s’éloigner en un clin d’œil ». (Maïmonide)
Épistémologie – ontologie, est-il vrai que l’on converse avec eux, existent-ils, deux questions bien différentes :
L’état, la nation, la religion sont des concepts et en même temps des personnes morales. Dire que l’on a une dette envers la nation est une image, dire que la nation se fourre le doigt dans l’oeil aussi, mais dans le premier cas on peut rationaliser et mesurer ce rapport monétaire, même s’il ne donne pas lieu à des versements d’argent, mais plutôt des échanges de services.
Les personnages qui représentent l’état sont de deux ordres, symbolique, comme Marianne, et réel, comme le président en exercice, les membres du gouvernement et des assemblées. Leur pouvoir et la relation que nous avons avec eux restent fort symboliques, il est possible, mais rare d’avoir des échanges directs avec eux.
– Courtyard house, Robert Hutchinson (via design milk)
Pour la religion c’est plus complexe, il existe des éléments de personnalité plus réels attribués à des personnages plutôt symboliques. On peut échanger avec eux, les prier, les représenter, les craindre sans jamais les voir. Croire à leur existence est-il une condition pour la prière ?
Deux méthodes au moins prévalent. L’état de concentration, d’humilité, peut s’établir tel quel dans le bouddhisme par exemple, ou bien il n’est qu’une partie de rites et de dynamiques plus élaborées, incluant donc la croyance, pour les religions du livre. Une mère asiatique qui houspille sans arrêt le gamin, je caricature, n’élève pas le même croyant qu’une mère méditerranéenne toujours à l’écoute.
Le besoin de croire est une des méthodes, des façons de faire par lesquelles passent de nombreux sujets. Sans être inhérent à l’esprit humain, il s’inscrit dans des modes de représentation, d’échange et d’action dont l’usage est universel. Au même titre par exemple que l’absorption d’excitants, la danse et la musique, la récitation de prières a des fonctions permettant d’être possédé par la divinité, de guérir ou de se relever d’un deuil. Qui effectue telle de ces activités juste pour la recherche du plaisir néglige simplement de nommer son dieu ; le bouddhiste tend, lui, à s’abstenir ce cette recherche de plaisir.
– Casal Solleric – Ajuntament de Palma (via casalsolleric.palma.cat)
Beaucoup d’opérations de l’esprit portent sur des concepts qui n’ont pas forcément une contrepartie matérielle disponible, sans que ce soit un frein à l’élaboration de la pensée ou même de la conversation. Ainsi je discute machinalement avec un clou, toi tu vas aller là, sans remarquer même que je lui élabore et prête une âme ou quelque chose de ce genre, capable au moins de m’entendre. C’est vrai aussi que je n’attends pas en réponse une action ou des événements pour lesquels je me sentirais de prier ou de fantasmer, comme gagner au tiercé.
La croyance sincère et pure n’attend d’ailleurs pas de contrepartie comme dans un contrat. L’âme a joué tout son rôle dans la prière, l’action et le résultat de l’action seront ce qu’ils seront. Le dernier mot est toujours amen.
– Arnaud Demare (via liberation.com)