Onorata (II)

Un document confidentiel signé en avril 1865 par le marquis et préfet de Palerme Filippo Antonio Gualterio, mentionne la présence et l’existence de la Mafia sous la formulation « Mafia, o associazione malandrinesca » (en français : la Mafia, ou association de malandrins). Selon Gualterio, la Mafia offrait alors son aide et sa protection aux opposants du gouvernement. Dès lors, tenant compte de ces recommandations, le gouvernement italien enverra en Sicile, pendant 6 mois, une troupe forte de 15 000 soldats afin d’y contrer toute forme d’opposition politique populaire.

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La mafia à l’origine est donc sicilienne. Elle apparaît dans la seconde moitié du XIXe siècle. Dans la première moitié du XIXe siècle, l’aristocratie a laissé de plus en plus de place à la bourgeoisie dans la gestion des terres. D’une manière générale, les taxes ont augmenté ; les terres réservées autrefois aux pauvres ont été confisquées et privatisées. Avec le rattachement à l’Italie (1861), de nouvelles taxes imposées par le Nord s’ajoutent, rendant la situation intenable. C’est dans ce contexte que la mafia surgit.
Le mafieux est d’abord un misérable, chassé de ses terres, contraint à l’errance, mendiant, brigand, louant ses services, rackettant… mais il y a un autre type de mafieux : le riche, le possédant qui expulse et qui rémunère les gros bras qui expulsent, récoltent les taxes, extorquent les fonds sous la menace de l’arme, sans passer par les tribunaux (trop laxistes de toute façon). À une époque où le pauvre et le riche vont s’appauvrir, les liens vont se resserrer ; au fur et à mesure que les difficultés s’accroissent, la valeur de la parole donnée augmente, ainsi naît l’onorata societa, la société des hommes d’honneur, ceux qui tiennent leur parole et leur langue. [Wikipédia]
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Et là, Sarkany et Antékirtt (Sandorf), arc-boutés sur leurs intérêts si semblables, poursuivis avec les mêmes moyens illégaux, chacun modèle de méthodes soi-disant contraires.

Onorata

Et tous deux, après avoir traversé la voie ferrée, se jetèrent dans les sentiers, bien connus de Zirone, qui allaient se perdre, à travers les contreforts de l’Etna, sur ces terrains de formation secondaire.

Il y a quelque dix-huit ans, il existait en Sicile, principalement à Palerme, sa capitale, une redoutable association de malfaiteurs. Liés entre eux par une sorte de rite franc-maçonnique, ils comptaient plusieurs milliers d’adhérents.

Le vol et la fraude, par tous les moyens possibles, tel était l’objectif de cette Société de la Maffia, à laquelle nombre de commerçants et d’industriels payaient une sorte de dîme annuelle pour qu’il leur fût permis d’exercer, sans trop d’ennuis, leur industrie ou leur commerce.

A cette époque. Sarcany et Zirone, — c’était avant l’affaire de la conspiration de Trieste, — figuraient parmi les principaux affiliés de la Maffia, et non des moins zélés.

Cependant, avec le progrès de toutes choses, avec une meilleure administration des villes, sinon des campagnes, cette association commença à être gênée dans ses affaires. Les dîmes et redevances s’amoindrirent. Aussi la plupart des associés se séparèrent et allèrent demander au brigandage un plus lucratif moyen d’existence.

A cette époque, le régime politique de l’Italie venait de changer par suite de son unification. La Sicile, comme les autres provinces, dut subir le sort commun, se soumettre aux lois nouvelles, et, tout spécialement, au joug de la conscription. De là, des rebelles, qui ne voulurent point se conformer aux lois, et des réfractaires, qui refusèrent de servir, — autant de gens sans scrupules, « maffissi » ou autres, dont les bandes commencèrent à exploiter les campagnes.

Zirone était précisément à la tête d’une de ces bandes, et, lorsque la partie des biens du comte Mathias Sandorf, échue à Sarcany pour prix de sa délation, eut été dévorée, tous deux vinrent reprendre leur ancienne existence, en attendant qu’une plus sérieuse occasion de refaire fortune leur fût offerte.

Jules Verne, Mathias Sandorf

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le pont de Martina – in media vita

Entre Bâle-Mulhouse et le lac de Constance, in n’y a qu’un jet de pierre et on s’aperçoit que l’Autriche pousse une langue à deux pas de chez nous. La grande ville plus à l’est c’est Innsbruck, entre les deux il y a quand même la Suisse et le Liechtenstein, l’Allemagne au nord et l’Italie à deux pas de là au sud. C’est un coin de montagnes, de lacs et de torrents qui descend vers l’ouest par les trois cantons suisses historiques vers la vallée du Rhône.
Que dire de Mulhouse, sinon que c’est une ville qui s’associe librement à la France durant le Directoire. Dreyfus y est né et l’usine Peugeot est le plus gros employeur du département.
À Friedrichshafen, au bord du lac, s’établit la première usine de dirigeables du monde, celle du comte qui a donné son nom à un groupe de rock. Plus tard, les usines aéronautiques devaient employer les prisonniers de Dachau.

Nauders

Les Grisons abritent de nombreuses stations bien tranquilles, dont Davos où se tiennent des conférences près des sommets. Zurich, Berne, Vaduz, les grandes villes du coin, savent garder la grisaille qui convient à l’anonyme réputation qu’elles recherchent.
C’est là, dans les Grisons au sud-est, que se situe la petite vallée où s’établit le pont de Martina. La construction du pont sur l’abîme, dans le Martinsbruck de l’époque, inspira, dit-on peut-être à tort, Notker, moine de St-Gall, pour un thème qui est entré dans l’ordinaire anglican. Ce thème, récité pour les morts, est « media vita » qui se traduit par : au milieu de la vie, nous sommes dans la mort.

Blechen Blechen

C’est là aussi près du piz Buin qu’un drame se noue. Nostradamus est né pas loin, à St Rémy, et l’a prédit, si l’on en croit Jarriges.