Sainte Larme (II)

Histoire (I)

Vers 30-33 : Lazare, le frère de Marie (ou Marie-Madeleine, selon les évangélistes) et de Marthe, décède à Béthanie. Jésus, prévenu, pleure sur son ami avant de le ressusciter. Selon l’histoire publiée par les Moines de Vendôme, un ange recueille une larme dans un vase et le donne à Madeleine.

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Architect, French, Exterior view, 1170-1200, Photo, Pilgrim church, Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône)

V. 50 : Lazare, Marthe, Madeleine, Maximin &c. quittent la Palestine pour aborder aux Saintes-Maries-de-la-mer. Madeleine vit en recluse trente ans avant de confier la larme à Maximin, alors évêque. Selon la légende dorée :

« Maximin, l’un des soixante-douze disciples, Marthe, Lazare, Madeleine, Matille, servante de Marthe, Cédon [Célidoine], l’aveugle-né que Jésus-Christ avait guéri, et d’autres fidèles, furent mis par les païens sur un bâtiment sans voiles et sans gouvernail et livrés aux flots de la mer afin d’y périr ; mais la Providence voulut qu’ils arrivassent à Marseille … »

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Arrivée de Marthe en Provence – vitrail à Orsay (Essonne)

Après la chute de l’empire d’Occident (476) : Selon l’historien de la sainte Larme, les « Grecs », l’empire d’Orient, collectent peu à peu toutes les reliques saintes pour les entreposer à Constantinople.

v. 1040 : Geoffroy Martel crée l’Abbaye de la Trinité de Vendôme après avoir vu, avec sa femme Agnès, trois étoiles tomber dans une fontaine. Il obtient 25 moines bénédictins de l’abbaye voisine de Marmoutiers. La dédicace a lieu le 2 juin.

1040 : Geoffroy Martel acquiert la Sainte Larme pour services rendus en Sicile à l’Empereur de Constantinople et en fait don à l’abbaye de Vendôme.

1271 : L’abbé Renaud IV de Villedieu lance la construction d’une nouvelle abbatiale gothique en lieu et place de l’église romane.

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Abbaye de la Trinité de Vendôme

1428 : Louis de Bourbon, comte de Vendôme, capturé à la bataille d’Azincourt en 1415 et miraculeusement libéré d’Angleterre, inaugure une cérémonie où un cierge de 33 livres est offert à la sainte Larme de Vendôme le vendredi du Lazare (avant les Rameaux) par un prisonnier libéré.

« A peine le comte de Vendôme eut fait son voeu que Dieu exauça sa prière en lui rendant la santé et en le délivrant de la dure captivité à laquelle il avait été si longtemps réduit. Ce prince sortit de sa prison sans être aperçu de ses gardes, s’embarqua pour passer en France sans être reconnu ; et eut la consolation de revoir sa chère patrie et sa ville de Vendôme. Rapin-Toiras, dans son histoire d’Angleterre, racontant le fait dont je parle, dit que Louis de Bourbon gagna ses gardes à force d’argent, qu’ils le laissèrent sortir de sa prison sans l’arrêter, et que ce prince, arrivé à Vendôme, institua la cérémonie du Lazare, non pas pour remercier le Seigneur de sa liberté, mais pour faire croire au peuple que sa délivrance avait été miraculeuse … »

1562 : Par crainte des Hérétiques, sous le règne de Charles IX, la sainte Larme est transportée à l’abbaye de Chelles (S.-&-M.). Elle revient douze ans après.

« Le dernier de nos témoignages sera la translation de la sainte Larme à Chelles prés de Paris, & sa relation à Vendôme douze ans après. Cette translation se fit l’an 1562. à cause des troubles suscitez cette année-là en France par les Heretiques sous le regne de Charles IX. qui sortans du Puits de l’abîme, comme les sauterelles de l’Apocalypse, se répandirent par tout le Royaume, & y exercerent leur rage & leur furie, particulierement sur les lieux consacrez à Dieu, ruinant les Eglises, les Monasteres, renversant les Autels, profanant les lieux saints, & laissant partout des vestiges de leur cruelle impiété. »

« Le Cardinal de Bourbon, qui étoit pour lors Abbé de la Ste. Trinité, craignant qu’ils ne vinssent à Vendôme, & que la Ste. Larme ne tombât entre leurs mains sacrileges, la fit porter à Chelles prés de Paris, qui est un beau Monastere des Filles de l’Ordre de S. Benoist, dont une de ses soeurs était abbesse … »

1699 : Jean Baptiste Thiers, docteur en théologie et curé de Vibraye, outré de voir ses paroissiens déserter l’église pour les cérémonies de Vendôme, publie une dissertation où il met en cause l’historicité de la Sainte Larme et de nombre de reliques.

« VI. On n’a nulle preuve que la Larme de Vendôme soit demeurée à Aix après la mort de saint Maximin, jusqu’au temps du Grand Constantin.

VII. Ni l’Histoire Ecclésiastique, ni les Martyrologes ne nous disent point qu’on ait transféré une des Larmes de Notre-Seigneur d’Aix à Constantinople. Cette translation est de l’invention des Moines de Vendôme, & à quel dessein ?

VIII. Deux irruptions des Sarrazins en Sicile, l’une en 1039, & l’autre en 1040.

IX. Le voyage de Constantinople que l’on fait faire à Geoffroy Martel pour apporter en France la Sainte Larme, est imaginaire. »

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Jean-Baptiste Thiers, Dissertation sur la sainte larme de Vendôme, chez la veuve de Claude Thiboust, Paris, 1699

« Falsitas tolerari non debet sub velamine pietatis » : on ne doit pas tolérer de faussetés sous le voile de la piété.

 

La sainte Larme : Résumé et personnes

Histoire (I)

Histoire (II)

Lieux & objets

Conclusion et bibliographie.

 

Médiagraphie :

Gallica, Google Books & Maps

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