Réunion des Réservoirs

On lit dans Wikipédia, à l’article Gabriel Moulin :

« Gabriel Moulin est un homme politique français né le 26 septembre 1810 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et décédé le 24 avril 1873 à Clermont-Ferrand.
… Président du conseil général, il est représentant du Puy-de-Dôme de 1871 à 1873, siégeant avec les monarchistes. Il est président de la Réunion des réservoirs et membre de la Réunion Saint-Marc-Girardin. »

Cette société au nom bizarre n’est définie nulle part dans l’encyclopédie en ligne. Pourtant, elle est citée des dizaines de fois … il s’agit de députés de droite dans les années 1870, partisans plus ou moins tièdes du prétendant Henri d’Artois comte de Chambord.

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– Le comte de Chambord dans les années 1840 par Adeodata Malatesta
« prit place à droite, se fit inscrire à la réunion des Réservoirs et an cercle Colbert, et vota pour la paix, pour l’abrogation des lois d’exil, pour la …
… château du Plessis-Bardoult à Pléchâtel, il est représentant de la Loire-Inférieure de 1871 à 1876, siégeant au centre-droit, inscrit à la réunion des Réservoirs.
… de Grasset, il est représentant de l’Hérault de 1871 à 1876, siégeant avec les légitimistes, inscrit à la réunion des Réservoirs. Il est conseiller général en 1871.
… de la réunion des Réservoirs, signa l’adresse des députés syllabistes au pape, adhéra à la proposition de M. La Rochefoucauld demandant le rétablissement …
… général du canton de Sornac. Il est député de la Corrèze de 1871 à 1876, siégeant à droite. Il est inscrit à la réunion des Réservoirs et à la réunion Colbert. … »

En ont fait partie entre autres semble-t-il :

Achille d’Arfeuillères Jean-François Sacase
Albert Moreau du Breuil de Saint-Germain Jean-Marie de Grasset
Alexandre Jullien Jean-Pierre de Lamberterie
Amédée de Nouailhan Joseph Cheguillaume
André de Limairac Jules d’Auxais
André Prétavoine Jules Jacquot d’Andelarre
Antoine Théry Jules Pajot
Bernard de Colombet Louis de Ventavon
Charles de Vaulchier Louis de Willecot de Rincquesen
De La Monneraye Louis Lempereur de Saint-Pierre
Édouard Vilfeu Michel Vetillart
Émile Aymé de la Chevrelière Paul Mayaud
Ernest Le Chatelain Pierre de la Sicotiere
Félix de Tarteron Pierre de Lafitte-Falentin de Saintenac
Francisque-Joseph Ramey de Sugny Pierre Marie Vinay
François Hamille Pierre Pagès-Duport
Gabriel Louis de Saint-Victor Pierre Richard de la Pervanchère
Gabriel Moulin Raymond Ferréol Lespinasse
Henri de Beurges René-Armand Peltereau-Villeneuve
Henri de Kergariou Rodez-Benavent
Henri Guy Delavau Saturnin Vidal
Henri Léopold de Sers Théobald Dezanneau
Hyacinthe de Bois-Boissel Théophile de Pontoi-Pontcarré
Jean Jaffré

 

Une recherche complémentaire, dans Google cette fois-ci, amène un peu de clarté :

« Hors séance, dans le palais et aux alentours, le travail parlementaire et le travail des passions sont plus animés encore. Partout, dans les salles du château, les commissions se réunissent : commissions d’études, commissions d’enquête, commissions de contrôle, ou groupements particuliers. La fameuse réunion des Réservoirs ne compte pas moins de deux cents membres ; le centre gauche siège dans une salle de l’Hôtel de Ville.
A l’hôtel des Réservoirs, on se dispute les tables ; c’est un va-et-vient de ministres, de députés, de journalistes, de fonctionnaires, de quémandeurs, de curieux, où se mêle, le jour des grandes séances, un nombreux public de femmes en toilettes élégantes ; elles donnent le ton. On rit, on plaisante, on crie, on fait de l’esprit. La bonne humeur nationale l’emporte, même dans les mauvais jours. Jamais, peut-être, le monde politique n’eut plus d’entrain que dans ces années de Versailles.
Mais ce qui communique à ces sessions une physionomie à part et un caractère singulièrement pittoresque, c’est l’aller et le retour en commun de Paris à Versailles et de Versailles à Paris, dans les fameux trains parlementaires. »

« Il n’est pas inutile, pour faciliter la lecture des documents de cette époque, de rappeler le sens exact de certaines appellations pour désigner les différents groupes de la droite :
1° Réunion des Réservoirs, tenue à l’hôtel du même nom et comprenant tous les députés de la droite, jusqu’au manifeste du comte de Chambord, du 5 juillet 1871. Après ce manifeste et après la signature de la note Lorry : Les inspirations personnelles de M. le comte de Chambord lui appartiennent, la réunion des Réservoirs se divise :
2° Centre droit, composé des députés n’admettant pas le drapeau blanc ; c’est un groupe fermé, dans les réunions duquel seuls ses membres étaient admis.
3° Chevau-légers. Ce groupe comprend les députés prêts à crier : Vive le roi quand même ! Il est dirigé par les chefs qu’indiquait leur confiance le mandat spécial du comte de Chambord : MM. Lucien Brun, de Carayon-La tour, de Cannove de Pradines, de la Rochelle.
4° … »
– G. Hanotaux, Histoire de la France contemporaine (via mediterranee-antique.fr)

« Henri V notait dans son journal intime :
« 9 juillet 1871 (…) article admirable du Figaro sur mon manifeste. Détestables articles des autres journaux. On voulait m’entraîner dans une voix révolutionnaire, et je conserve le principe intact pour le salut de la France. »
Le manifeste avait bouleversé la droite qui se réunit chez Rességuier, dans son hôtel de la rue des Réservoirs situé face au Palais Bourbon. Falloux avait prit place parmi La Rochejacquelein, Juigné, Kerdrel, Larcy, Meaux, Lacombe et Baragnon ; tous réunis avec quelques autres. L’assemblée était unanime à refuser la responsabilité d’un acte aussi peu conscient. »
– Gérald Gobbi, Le comte de Falloux (1811-1886), P.U.R.

Nota – face au Palais Bourbon il y a surtout le quai d’Orsay. La rue des Réservoirs longe le parc de Versailles au nord-est, le square des Chevau-légers est à deux pas de la gare Rive gauche : l’Assemblée avait élu Versailles comme siège durant ces temps troublés.

 

Quelques éléments de trombinoscope :

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– Recherche Google images : réunion des Réservoirs

  • Médiagraphie : Wikimedia commons, Google &c.

 

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