Philosophes

Avec Démocrite et Héraclite, on passe du rire aux larmes, c’est du moins ce qu’ont retenu les auteurs classiques.

philosop

– Bramante, Donato, Heraclitus and Democritus, 1477, Fresco transferred to canvas, Pinacoteca di Brera, Milan

Rabelais, dans le 20e chapitre du Gargantua, décrit les deux personnages Eudémon et Ponocrates en train de pleurer de rire à la suite du discours captieux du sophiste Janotus de Bragmardo : « De ce fait, ils se trouveraient représenter Démocrite héraclitisant, et Héraclite démocritisant. »

Démocrite est le type même de l’homme qui rit :

800px-brescia_giordano_democrite

– Luca Giordano, Laughing Democritus, 1650-1674, Tosio Martinengo Gallery

« Je voudrais, disait Démocrite, que l’Univers entier se dévoilât tout d’un coup à nos yeux. Qu’y verrions-nous, que des hommes faibles, légers, inquiets, passionnés pour des bagatelles, pour des grains de sable ; que des inclinations basses et ridicules, qu’on masque du nom de vertu ; que de petits intérêts, des démêlés de famille, des négociations pleines de tromperie, dont on se félicite en secret et qu’on n’oserait produire au grand jour ; que des liaisons formées par hasard, des ressemblances de goût qui passent pour une suite de réflexions. »
Platon, qui a parlé de presque tous les anciens philosophes, ne cite pas une fois Démocrite, pas même lorsqu’il serait en droit de le combattre, sans doute parce qu’il savait bien à quel redoutable adversaire il aurait affaire.

democrit

– Coypel, Antoine, Democritus, 1692, Oil on canvas, 69 x 57 cm, Musée du Louvre, Paris

0208vela

– Velasquez, Diego Rodriguez de Silva y, Democritus, 1628-29, Oil on canvas, 101 x 81 cm, Musée des Beaux-Arts et de la Céramique, Rouen

Raphaël a, dit-on, donné à Héraclite les traits de Michel-Ange :

sanzio_01_heraclitus

– « Héraclite l’Obscur », détail de L’École d’Athènes de Raphaël, 1509

Quant à Héraclite : « Je regarde toutes les choses humaines, ô étranger, comme tristes et lamentables, et rien qui n’y soit soumis au destin : voilà pourquoi je les prends en pitié, pourquoi je pleure. Le présent me semble bien peu de chose, l’avenir désolant : je vois l’embrasement et la ruine de l’univers : je gémis sur l’instabilité des choses ; tout y flotte comme dans un breuvage en mixture ; amalgame de plaisir et de peine, de science et d’ignorance, de grandeur et de petitesse : le haut et le bas s’y confondent et alternent dans le jeu du siècle. »
Il s’agit d’obtenir un réveil pour apercevoir ce Logos qui échappe à tout homme car masqué par notre stupidité. Il est l’instrument censé servir à la prise de conscience humaine. Ce thème du réveil, de la ressouvenance de l’appartenance de l’homme à un ordre dit cosmique est déjà présent chez Pythagore et repris, transformé chez Platon.

800px-hendrik_ter_brugghen_-_heraclitus

– Hendrick ter Brugghen, Heraclitus, 1628, oil on canvas, 85 x 70 cm, Rijksmuseum

herdemo1

– Coypel, Charles-Antoine, Sorrowful Heraclitus, 1746, Oil on canvas, 92 x 74 cm, Private collection

  • Médiagraphie : Wikipédia, Wikimedia commons, Web Gallery of arts – wga.hu

hippocra

– Lastman, Pieter Pietersz., Hippocrates and Democritus, 1622, Oil on panel, 111 x 115 cm, Musée des Beaux Arts, Lille

 

2 commentaires

Laisser un commentaire